mercredi 18 janvier 2017

Gustav Klimt


Portrait de Gustave Klimt par Egon Schiele - 1913

Gustav Klimt est né le 14 juillet 1862 et mort le 6 février 1918 à Vienne.

Gustav Klimt fut un artiste qui a considérablement influencé les courants esthétiques nouveaux autour de 1900, dont le Jugenstil et l’Art nouveau. Gustav Klimt a réalisé de très nombreuses compositions à personnages, aux sujets allégoriques, répétant souvent les mêmes figures symboliques, de nombreux nus, des portraits, des paysages, des dessins ; il a également été décorateur, peintre de cartons de tapisseries, de cartons de mosaïques, céramiste, lithographe.
Jusqu'à la création du mouvement de la sécession, en 1897, Gustave Klimt travaille de façon encore académique. Puis Carl Schorske note que l’œuvre de Klimt dégage « une énergie créatrice véritablement exubérante. Ce que notre sensibilité esthétique d’aujourd’hui pourrait nous inciter à ne voir que comme un fouillis sttylistique et iconographique était en réalité une vigoureuse recherche expérimentale d’un message et d’un langage nouveaux. En dépit d’une confusion des langues, il devint rapidement évident que Klimt était sur la voie de l’exploration de la vie instinctuelle ».

Un début de carrière artistique académique
Ce fils d'orfèvre-doreur qui a étudié à l'Ecole des arts et métiers de Vienne ouvre en 1880 avec son frère Ernst et son ami Franz Matsch un atelier de décors de théâtre et de peinture murale. Ils travaillent pour les nombreux palais qui se construisent dans la capitale autrichienne.

En 1883, G.K. crée un atelier et travaille avec son frère Ernst Klimt, qui est orfèvre ciseleur, et Franz Matsch. Ils réalisent en particulier de nombreuses fresques, allégories et emblèmes dans un style néo-classique académique ; la précision de ses portraits est renommée. Il se voit confier la décoration de murs et plafonds de villas mais aussi de théâtres et édifices publics.

Ainsi jusqu'en 1890, Gustav Klimt a un début de carrière fait d'une solide réputation de peintre décorateur répondant à des demandes officielles de peintures architecturales. Par la suite, son art s'exprimera totalement et librement, comme l'indiquent les inscriptions sur le tableau Nuda Veritas : « Si l’on ne peut par ses actions et son art plaire à tous, il faut choisir de plaire au petit nombre. Plaire à beaucoup n’est pas une solution ».
"Nuda veritas" Gustav Klimt 1899
Mais dès ses premières commandes personnelles (les pendentifs du grand escalier du Kunsthistorisches Museum), inspiré par les estampes japonaises et le symbolisme, il se dégage des modèles académiques.
1891 - Les pendentifs du grand escalier du Kunsthistorisches Museum. Nekhbet et le sarcophage statuette Isis

1891 - Les pendentifs du grand escalier du Kunsthistorisches Museum. Nekhbet.

La création de la Sécession viennoise
Avec plusieurs de ses amis, dont Koloman Moser, Joseph Maria Olbrich, Carl Moll, Josef Hoffmann, Max Kurzweil, Josef Engelhart et Ernst Stöhr, il crée le 3 avril 1897 le groupe des sécessionnistes.

Les préoccupations des artistes de la sécession rejoignaient celles des écrivains Jung Wien d’alors : d’une part ils exploraient eux aussi la vie de l’instinct, particulièrement celle d’Eros, ainsi que la dissolution des frontières entre le Moi et le monde, entre la pensée et le sentiment ; d’autre part ils tentaient de créer en architecture, et dans les arts appliqués une beauté nouvelle au dessus de l’Histoire, pour satisafire la sensibilité d’âme des esthète. Inspirés par le mouvement anglais Arts & Crafts, sans en intégrer les théories sociales, les créateurs sécessionistes s’attachaient à transformer les objets de la vie quotidienne en œuvre d’art. (…) De ‘l’homme nouveau », son cadre de vie, sa maison, son ameublement, les accessoires de son habitât, devaient exprimer la beauté de son âme et sa personnalité.Dans ces conditions, l’architecte devenait moins un constructeur qu’un artiste, mutation exprimée par une nouvelle terminologie : l’architecte se muait en « artiste de l’espace «  et l’architecture en « poésie de l’espace ». [Vienne 1880 - 1938 L’apocalypse joyeuse 1986. Sous la direction de Jean Clair. p 75.]
En janvier 1898, le groupe fonde une revue d'art intitulée Ver sacrum, « Printemps sacré ». Le groupe ambitionne de construire un édifice consacré aux arts.
1898 Couverture de la Revue "Ver sacrum" n°1
La revue Ver sacrum devient le moyen d'expression de la Sécession, et le porte-parole de cette volonté de changer le monde.
Vers la fin des années 1890, Personne n’aurait songé à considérer un dessin, une gravure ou une affiche comme une œuvre d’art à part entière. Mais le temps d’un renouveau semblait venu. Il est remarquable que ç’ait été dans le domaine de l’art graphique que les innovations des jeunes de la sécession trouvèrent leur plus vive expression. Le caractère provisoire, inabouti communément attaché à ce mode d’expression permit aux sécessionnistes de tenter ici des expériences  sans tomber sous le coup des critères auxquelles sont soumises les œuvres achevées ou définitives — architecture, sculpture ou peinture. Grâce à cette liberté de création accrue, les nouveaux contenus de l’art purent aussi se manifester de façon plus directe, plus authentique. [Vienne 1880 - 1938 L’apocalypse joyeuse 1986. Sous la direction de Jean Clair. p 294.]
1897 sang de poisson illustration pour ver sacrum
1898 sorcière illustration pour Ver sacrum
Josef Maria Olbrich parvient à réaliser l'édifice dédié aux arts souhaité par Klimt, le Palais de la Sécession qui donne aux jeunes artistes figuratifs un lieu permanent d'exposition pour leurs œuvres, et cristallise comme une sorte de manifeste les idées du groupe : « À chaque époque son art, à tout art sa liberté ».
1897 - Palais de la sécession - Vienne
Gustave Klimt participe la même année à la fondation de l'Union des artistes figuratifs, appelée la Sécession viennoise avec dix neuf artistes du Künstlerhaus. Cette séparation marque le désir de nouveauté de Klimt et d'une multitude d'autres artistes face à « l'inflexible résistance au changement » de l'académisme viennois, responsable d'un véritable « obscurantisme » artistique, pour se démarquer d’un art jugé trop bourgeois et classique et plus généralement contre l'ordre moral. G.K. devient président de cette association, dont l'objectif est de réformer la vie artistique de l'époque.
Il s'agit aussi de combler le fossé entre les arts dit mineurs, de rapprocher les objets utilitaires et les objets d'art — pour créer une œuvre d'art totale, selon une citation d'Otto Wagner — , de transformer le monde au moyen des arts. Les arts doivent éveiller les consciences et s'éloigner de toute compromission avec l'art et l'académisme établis.
Pour la Sécession, « tous les arts étaient sur un même pied d'égalité, peinture, sculpture, architecture, dessin, photo ». Ils voulaient également prendre en compte la dimension internationale de l'art.
Il n'y a pas véritablement d'unité stylistique de la Sécession viennoise, c'est plutôt un état d'esprit. Il s'agit de promouvoir « les arts contre les colporteurs qui se font passer pour des artistes et qui on intérêt commercial à ne pas laisser l'art s'épanouir », écrit le critique littéraire viennois Hermann Bahr.
Les expositions de la sécession viennoise
G.K. peint en 1897 Palla Athénée, qui marque le début de son émancipation artistique : il y peint la déesse sous les traits d’une femme fatale et s’oppose ainsi à la représentation classique du sujet dans l’art officiel. Il détourne la représentation traditionnelle du sujet, d'inspiration classique, en montrant sous le visage de la déesse une gorgone tirant la langue, représentation traditionnelle de l'époque archaïque. Ce tableau fut le point de départ de la conception de l'affiche de la première exposition de la Sécession qui est organisée en 1898. 
1897 Palla Athénée
1897 Palla Athénée (détail)
1897 Thésée et minautore affiche exposition sécession n°1
L'affiche dessinée par Gustav Klimt pour la première- exposition de la Sécession viennoise présente une caractéristique qui vaut pour l'ensemble de l'art graphique du Jugendstil : l'absence de profondeur. Les œuvres graphiques des Viennois de la période 1895-1898 donnent l'impression qu'il se livre ici une bataille en règle entre le modelé des corps et la surface plane. Dans presque tous les domaines de la création graphique, on voit durant cette phase s'imposer l'aplat ornemental : les corps perdent leur épaisseur, les paysages se réduisent à quelques éléments dressés çà et là comme des décors. On a rapporté cette évolution à l'attraction du style ornemental, et particulièrement à l'influence de la gravure japonaise. Mais on ne se demande pas, le plus souvent, pourquoi ce sont justement ces modèles-là qui ont si profondément marqué l'art du tournant du siècle. Or on peut espérer mettre à jour des développements plus fondamentaux en reliant des caractères artistiques comme la planéité ou la surface vide à des phénomènes sociaux tels que le « Vide de valeurs ». La perte de l'illusion spatiale apparaît ainsi comme un gain de véracité, dans la mesure où elle traduit visuellement une réalité sociale et individuelle encore informulée.
Tout comme la Sculpture, l'affiche de Klimt intitulée Tbhésée et le Minotaure comporte elle aussi l'élément de la surface vide. Figurée par un carré de couleur claire, elle occupe cette fois-ci le centre même de l'image. La signature, bien visible malgré sa petite dimension, apparaît sur le bord gauche de la surface et rattache ainsi cet espace libre à la personne de l'artiste lui-même ; sa position modeste au sein de la surface vide donne à celle-ci le caractère d'une enceinte sacrée, qu'on ne peut pénétrer qu'avec le plus grand respect.
La forme carrée de cette surface renvoie - sans doute à l'insu de l'artiste — au signe du mandala, dans lequel diverses cultures voient un symbole du Soi et de sa complétude, reliant la conscience et l'inconscient, l'acquis et l'inné. La psychanalyse reconnaît à la production spontanée du mandala une valeur thérapeutique, cette démarche révélant que l'individu réagit à une situation de désorientation intérieure et de désintégration des forces psychiques en se ressaisissant et en se concentrant sur l'essentiel. Le mandala se compose du cercle (unité) et du carré (différenciation) ; en son centre se trouvait, dans l'esprit de certaines traditions religieuses, le siège de la divinité. Le fait que cet emplacement, sur l'affiche de Klimt, soit vide confirme une constatation du C.G. Jung : « Prévenus par des analogies historiques, nous nous attendrions à voir une divinité occuper le centre du mandala. Or le centre est vide. Le siège de la divinité est inoccupé. ]'ai vu de nombreux mandalas provenant de patients libres de toute influence, et j'ai observé le même fait dans presque tous les cas ».
Quatre personnages appartenant à la mythologie grecque entourent l'enceinte vide du temple. Thésée et Je Minotaure apparaissent dans la bordure supérieure de l'image, tandis que la marge de droite est occupée par la figure de Pallas Athéna portant le bouclier rond avec la tête de la Gorgone. Persée avait vaincu par la ruse le monstre féminin, dont la seule vue pétrifiait quiconque s'y exposait ; il lui avait coupé la tête et avait consacré celle-ci à Pallas Athéna. La mythologie veut que la déesse tutélaire de l'ancienne Athènes, fille de Zeus, fût née tout armée de la tête de son père. Dotée d'un mélange de vertus masculines et féminines, elle unissait sous l'empire de la raison la force active et la sensibilité. Klimt fit d'elle la figure de proue du mouvement sécessionniste. Le combat de Thésée avec le Minotaure montre le héros triomphant d'un monstre mi-homme mi-taureau. Les quatre personnages groupés autour du carré incarnent donc respectivement les aspects positifs et négatifs de la masculinité et de la féminité. Il est intéressant de noter ici l'implication des aspects négatifs de la psyché, même s'ils n'apparaissent que sous la forme chiffrée de l'allégorie,  comme de simples silhouettes sans épaisseur.
La surface vide centrale sépare les éléments masculins et féminins les uns des autres. L'étroite corniche qui la borde vers le haut indique que Klimt a voulu la présenter comme un mur. Celui-ci neutralise les énergies psychiques dangereuses, mais entraîne également un isolement du Moi. Seule la déconstruction progressive de ce mur ou plus exactement sa restructuration différenciée semble autoriser une intégration progressive de ces énergies et la levée des défenses. Cette évolution nécessite cependant une démarche se trouvant évoquée dans le mythe de Thésée et du Minotaure : la confrontation de l'individu avec sa propre vie instinctuelle. [Vienne 1880 - 1938 L’apocalypse joyeuse 1986. Sous la direction de Jean Clair. p 296.]
La première exposition de la Sécession, dans le Pavillon de la Sécession à Vienne, est dédiée à Beethoven. « Pour la première fois, l'organisation de l'exposition est confiée à un architecte (Josef Hoffman) et on parle alors d''architecte de l'exposition ", raconte Alfred Weidinger. "L'idée est de montrer l'art dans sa globalité."
Gustav Klimt présente sa "Frise Beethoven", une de ses œuvres majeures. Longue de 22 mètres, la frise représente des images évoquées à Klimt par son expérience de la musique, elle exprime son émotion à l'écoute de la "Neuvième symphonie". Sous des figures allongées qui flottent dans les airs, des scènes représentant les tourments humains, où il intègre des feuilles d'or et divers matériaux. L’ornementation et le foisonnement du décor prévalent sur le sujet et l’utilisation abondante de l’or préfigure sa période dorée. Dans son esprit, Klimt réalise une œuvre d'art totale, en réunissant la peinture avec la musique et l'architecture (de par l'utilisation de l'espace, les trois murs, la frise en hauteur, et le bâtiment de la Sécession). Cette œuvre fait de nouveau l'objet de critiques violentes au nom de la morale.
Beethoven Frieze - Gustav Klimt
Beethoven Frieze - Gustav Klimt
Beethoven Frieze - Gustav Klimt
Le « Cycle d’or » de Gustave Klimt culminera avec Le Baiser (1907-1908), son tableau le plus célèbre. Cette même année Klimt fait le portrait d'Emilie Flöge, créatrice de mode, femme moderne et émancipée, rencontrée en 1897 et qui restera sa compagne tout au long de sa vie.
1908 - Le baiser
Les compositions de Gustave Klimt se caractérisent alors par une densité et une occupation de tout l’espace du tableau, formé d’arabesques et de volutes, de mosaïques, de petits motifs ornementaux, et marqué par le travail d’application de feuilles d’or et d’argent. Le sujet, lui, fait une place centrale à la figure féminine, muse, souveraine ou femme-objet, représentée à tous les âges de la vie, dont le visage apparaît comme rapporté à la façon d’un collage. Ces thèmes sont une célébration de la sensualité et du désir, au travers du couple amoureux, et uni dans un baiser, mais aussi une représentation symbolique et allégorique du corps humain dans toute sa fragilité liant l’érotisme avec l’ombre menaçante de la mort.
En 1907, Klimt rencontre le jeune peintre Egon Schiele qu'il va beaucoup influencer : Klimt sera pour lui un modèle et un maître.
En 1912, Egon Schiele paraphrase le tableau "Le baiser" de Klimt en peignant "Le cardinal et la nonne".

Les portraits
En 1898 Sonja Knips et en 1906 Fritza Riedler par Gustav Klimt
Une série de portraits, qui débute en 1898 avec celui de Sonja Knips, fait de Klimt le peintre mondain de la bourgeoisie aisée de Vienne. Lorsqu’il quitte la Sécession en 1905, il s’y consacre davantage ; et ses tableaux représentant Fritza Riedler (1906) ou Adele Bloch-Bauer (1907) fascinent tout autant que celui d'Emilie Flöge.
En 1902 Emilie Fröge et en 1907 Adel Bloch-Bauer par Gustav Klimt
Entre 1904 et 1909, avec l’architecte Josef Hoffmann, Klimt conçoit le Palais Stoclet, à Bruxelles, une œuvre d'art totale et une création Art nouveau viennois. Il y projette une fresque : La Philosophie, La Médecine et La Jurisprudence. Ces toiles commandées par l'université de Vienne pour décorer le hall d'entrée ont été détruites par les nazis en 1945, et presque aucune trace n'a été trouvée. Nous avons donc très peu de représentations de cette œuvre.
La Philosophie, La Jurisprudence et La Médecine- 1901 - Palais Stoclet, Bruxelles.
La médecine. Reproduction couleur originale. 1901
Après 1909, Klimt met de côté la peinture et reprend ses travaux d’arts appliqués : il couvre de mosaïques murales la salle à manger. Il réalise alors pour Adolphe Stoclet « L’Attente et L’Accomplissement » dont la richesse décorative explose par l’accumulation de motifs décoratifs stylisés et l’utilisation de matières précieuses, pierres, émaux, métal et faïence.
L'attente et l'Accomplissement - 1909 Palais Stoclet - Bruxelles

La femme
Gustave Klimt montre l'homme, la femme, tels qu'ils sont. Chez les préraphaélites, le nu était idéalisé. Klimt, lui, le présente comme dans un miroir. Dans Nuda veritas, "on voit sur la peau du modèle les marques laissées par la lingerie". Klimt, qui a toujours vécu avec sa mère et ses sœurs, "observait les femmes dans leur intimité. Il a peint des femmes enceintes, ce qui a fait scandale".
Les représentations de la féminité chez Klimt semblent extravagantes. Mais ces représentations existent dans un monde viennois perclus des codes bourgeois qui se confronte à la découverte du mythe de l’androgyne et de la bisexualité.
Le monde était divisé et binaire. La société avait peur, à l’époque, de la féminisation de la société car elle semblait impliquer que les femmes échappant à leur rôle unique de mère menait la société vers l’éventualité de la non-reproduction et donc qu’on irait vers la mort. Klimt "met en scène" cet affrontement.
1903 - L'espoir
Toujours scandaleuse, la figure biblique de Judith tenant la tête coupée d'Holopherne est représentée nue dans un décor luxuriant et doré.
Judith et Holopherne par Artemisia Gentileschi en 1614  et pat Klimt en 1901

1900 Etude pour la femme flottante dans la fresque "Médecine"
1898 Etude pour la fresque "Médecine"
1900 Fresque "Médecine" (détail)
En tant que styliste, Klimt ne voit dans l’instinct érotique que l’instigateur des arbesques les plus osées dont le corps humain, seul ou en couple, est capable. Au centre de ces formes sensuelles se trouve la femme. En prenant possession d’elle par la peinture, Klimt fait de la disponibilité de la femme une métaphore esthétique et érotique : son corps est capable de tout, mais il est aussi objet modelable — capacité de jouissance totale devenue ligne.
En fin de compte, la créature humaine qui inspire la peinture de Klimt n’est que le prétexte permanent lui permettant de transformer la « vie » en « art », selon la métaphysique de l’artiste, au nom de laquelle Nietzche a pu affirmer que « l’existence du monde ne se justifiait qu’en tant que phénomène artistique ». [Vienne 1880 - 1938 L’apocalypse joyeuse 1986. Sous la direction de Jean Clair.  p 192.]

1901 étude pour l'aspiration du bonheur frise Beethoven
1901 études pour gorgones frise Beethoven
1901 études pour Poissons d'or
La découverte de la psychanalyse commença avec les recherches de Freud concernant l'hystérie et l'impact de la sexualité sur ce trouble psychique. A partir de là, il s'orienta vers d'autres aspects de l'homme jusque-là inconnus et soigneusement dissimulés. Ce fut ainsi qu'il découvrit la voie de la névrose. Mais pour bien comprendre l'inconscient, il devait d'abord explorer le sien ; l'auto-analyse devait précéder l'analyse des patients. Dans l'évolution de leur art, les grands artistes viennois semblent avoir adopté la même démarche.
Klimt, dont les premières œuvres avaient été très conventionnelles, à l'approche de la maturité, vers la fin du siècle dernier, se mit à peindre et à dessiner des femmes nues hystériques. Par exemple, certaines de ses études pour les grands tableaux des facultés de l'Université de Vienne montraient des nus dans la posture typiquement hystérique de l’« arc de cercle », motif qu'il reproduisit bien des fois, à tel point qu'un critique, qui ne lui voulait pas que du bien, parlait, dès 1902, et non sans raison, de « ce monsieur Klimt qui est devenu le peintre de l'inconscient ». J'ai parlé plus haut de sa toile La Mort et la Vie, où thanatos et éros étaient juxtaposés. Le rôle de l'éros dans la peinture de Klimt peut difficilement être ignoré tant les thèmes érotiques dominent ses toiles, à l'exception des paysages. Sa Danaë, ses Ondines, L'Accomplissement, et diverses parties de sa frise Beethoven, telles que les « puissances hostiles », doivent être cités, ainsi que sa Leda et Le Baiser.
Son disciple le plus doué, Schiele, a poussé encore plus loin cette tendance. A peine avait-il atteint sa maturité artistique qu'il peignit et dessina essentiellement le monde intérieur de l'homme et, plus que toute autre chose, ses aspects névrotiques. Dans ses autoportraits, il analysa sa propre personnalité aussi lucidement, aussi impitoyablement que Freud s'était auto-analysé. Les deux toiles qu'il intitula Les "Voyants de soi-même" sont caractéristiques de cette aptitude de Schiele à nous donner des images de la vie inconsciente. [Vienne 1880 - 1938 L’apocalypse joyeuse 1986. Sous la direction de Jean Clair. Bruno Bettelheim]

1910 nu masculin assis (Autoportrait) - Egon Schiele

1912 Autoportrait - Egon Schiele

Artisanat d’art

Un artisanat d'art de haute qualité, élément important de la Sécession viennoise, est représenté avec des meubles, de somptueuses broches de Josef Hoffman et Wiener Werkstätte, des céramiques de Michael Polowny.

Paysages

1905 Fleurs dans un jardin et Rosiers sous les arbres
En 1908 Klimt participe, avec ses amis qui avaient également quitté la Sécession, à la dernière exposition collective. Il se consacre ensuite à la peinture de paysages, ou de scènes allégoriques de plus en plus stylisées et aux couleurs vives. Le style ornemental et la prédominance de l’or s’effacent peu à peu au profit de la couleur.
C’est Emilie Flöge qui fait découvrir à Klimt les bords du lac D’Attersee où il séjourna presque tous les étés. Cette nature lui inspire de nombreux tableaux paysagistes : Fleurs dans un jardin et Rosiers sous les arbres, 1905 ; Les Coquelicots, 1907 ; L’Ile sur le lac, 1910 ; Vue de Malcesine et Eglise à Cassone, 1913. Klimt semble abolir la profondeur, aplanir les surfaces et traiter de façon unidimensionnelle le tableau : là où l’or avait cette fonction il utilise maintenant l’harmonie des couleurs et des jeux de lumière qui confèrent au paysage une atmosphère de tranquillité.

1905 Les coquelicots et 1907 L'ile sur le lac

1910 Eglise à Cassone et vue de Malcesine
Klimt privilégie des formats de toile carrée, avec une absence totale de personnages, ce qui donne une ambiance de particulière sérénité. Ces tableaux sont peints « sur le vif » et terminés en atelier.

Klimt a beaucoup dessiné. Le catalogue raisonné de ses dessins comporte plus de 3 700 numéros mais il est probable que ce nombre soit largement sous évalué, l'artiste n'étant guère conservateur de ses feuillets.

Si Egon Schiele et Oskar Kokoschka furent ses disciples directs, c’est tout le mouvement sécessionniste qui le considéra comme le précurseur de l’abstraction et le principal représentant du Jugendstil (Art nouveau) viennois.

Références Web et plus :
http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/evenements/gustav-klimt-et-la-secession-viennoise-a-la-pinacotheque-211975

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustav_Klimt

http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/vs1898/0349?sid=e7ed282c3bda92a6e5388c47cf148d62

http://www.bnf.fr/documents/biblio_klimt.pdf

http://www.bellessoirees.umontreal.ca/documents/pdf/PLAN_S%C3%A9cession_BS.pdf

https://www.centrepompidou.fr/media/document/42/6b/426b193503cbfad7e6a0023a5f259523/normal.pdf

https://www.andurand.net/HdA/premiereL/Symbolisme/LaSecessionViennoise.pdf

http://www.panoramadelart.com/klimt-les-trois-ages-de-la-femme
Un focus précédent sur Gustave Klimt, dans ARSAlive