lundi 7 octobre 2013

Petite histoire de la BD 2/2

Une petite histoire de la bande dessinée [et du roman graphique] 2/2
Basé sur le dossier "L'invention de la bande dessinée" Centre belge de la bande dessinée

Les prémices chronologiques

• Les archéologues ont trouvé de nombreuses peintures dans des grottes, ce que l’on nomme aujourd’hui « art pariétal ». Ces peintures datent de la préhistoire. Les plus anciennes datent de 35.000 ans et ont été découvertes au Brésil. En Europe, c’est l’homme de Cro-Magnon qui va commencer à peindre sur les murs des grottes il y a 30.000 ans.
Ce qui est intéressant, c’est de voir comment l’homme a sans doute cherché à représenter les animaux comme s’ils étaient vivants. Il a utilisé les creux et les bosses de la grotte afin de donner une impression de volume.
http://www.lascaux.culture.fr : une visite virtuelle de la grotte de Lascaux.
Celui qui a peint le rhinocéros dans la grotte Chauvet a voulu le représenter en mouvement. [voir image 01]

01 - rhino grotte Chauvet
• Même après l’invention de l’écriture, l’homme a continué de raconter des histoires en images. Dans les temples égyptiens, on trouve de nombreuses fresques qui racontent des évènements historiques et mythologiques. [voir image 02]

02 - Fresques temple de Beit el Wali - expedition de Ramses-II
Les civilisations grecques et romaines vont produire beaucoup d’images. Fresques, mosaïques, vases vont se couvrir de représentations d’évènements historiques, de moments de la vie des dieux ou de hauts faits des empereurs.
http://expositions.bnf.fr/egypte/ : une exposition virtuelle sur l’art égyptien et l’art arabe

• Avant les premiers livres imprimés (les incunables), dans les monastères chrétiens du Moyen Age, des moines copistes consacraient leur vie à reproduire les textes sacrés de leur religion. D’autres embellissaient ces éditions uniques en y créant des enluminures et illustrations rendant grâce à leur Créateur. Sans le soupçonner, ils inventèrent la plupart des codes qui permettent aux dessinateurs d’aujourd’hui de donner vie à une bande dessinée : découpage du récit en cases, mouvement, avant-plan, dialogues en phylactères, etc.
On voit aussi le texte apparaitre dans l’image. Si au départ, il se situe sous la case de manière à décrire ce qui se passe dans la scène, il va progressivement apparaitre dans les phylactères.. Au début, les phylactères sont des étiquettes attachées à des personnages où est écrit leur nom mais, bientôt, ils seront utilisés pour faire parler les personnages.
[voir image 03 et 04]

psautier de Canterbury.
Anthologie Historique et Cosmique 1325
 + les riches heures du duc de Berry :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Tr%C3%A8s_Riches_Heures_du_duc_de_Berry
http://www.youtube.com/watch?v=5Wnvp2JGCtk

http://expositions.bnf.fr/bdavbd/ = la BD avant la BD, narration figurée et procédés d'animation dans les images du Moyen-Age

• Avec l’imprimerie, les illustrateurs peuvent créer des reproductions à l’infini de leurs oeuvres, et les diffuser à une grande partie de la population. Avec les gravures et les estampes, de la Grande-Bretagne au Japon, les artistes
deviennent des raconteurs d’histoires. L’imprimerie apparaît en Chine dès le XIIème siècle et en Europe vers 1450. Au XVIIe et XVIIIe, des artistes comme William Hogarth (1697-1764) et Katsushika Hokusai (1760-1849) créent des histoires avec des séries d’estampes.
[voir image 05 , 06 & 07]

 
gravure de William Hogarth
Hokusai 1760-1849 Grande vague de Kanagawa
Hokusai manga dancing
http://neurophilosophy.wordpress.com/2010/03/23/implied_motion_in_hokusai_manga/
http://expositions.bnf.fr/japonaises/ L'estampe japonaise
http://expositions.bnf.fr/bosse/ Le graveur Abraham Bosse

• Pédagogue, écrivain et politicien suisse, Rodolphe Töpffer (1799-1846) est un jalon essentiel dans la conception de la bande dessinée. Il en est le premier théoricien. A partir de 1827, il commence à créer, à l’intention de ses élèves, des histoires illustrées dont le caractère inédit, au-delà du style original de son trait, repose sur une nouvelle manière d’articuler textes et images montées en séquences. Il excelle notamment dans le découpage du mouvement.
Se succéderont notamment « Histoire de Monsieur Jabot »(1833), « Histoire de Monsieur Crépin » (1837) ou encore « Les amours de Monsieur Vieux Bois » (1839). [voir image 08]

Töpffer Vieux Bois chap 16
http://leonardodesa.interdinamica.net/comics/lds/vb/VieuxBois16.asp?p=16

• Dès le XIXe siècle, les journaux et magazines avaient compris que pour vendre de la publicité aux annonceurs, il fallait réunir le plus grand nombre possible de lecteurs. A côté du roman-feuilleton qui tient en haleine, on découvre
des humoristes, des caricaturistes et les premiers héros récurrents.
[voir image 09 Grandjouan]  [voir image 10 Cham]

L'assiette au beurre n° 55 du 19 avril 1902 Jules Grandjouan
feuilleton Les misérables par Cham
• C’est une véritable guerre que se livrent les deux magnats de la presse Joseph Pulitzer (New York World) et William Randolph Hearst (New York Journal), modèle du Citizen Kane de Orson Welles. Pour être le premier journal des Etats-Unis, tous les coups sont permis : incendie « accidentel » de dépôts de livraison, grèves « spontanées » et débauchage généralisé. L’enjeu est purement économique. Le plus fort générera le plus de revenus, notamment publicitaires.
Richard Outcault (1863-1928) sera au coeur de cet affrontement. Il abandonne le journal de Pulitzer où il dessine une fresque humoristique très populaire, Hogan’s Alley (1895), pour celui de Hearst dans lequel il crée les strips de Yellow Kid, d’après un des personnages de Hogan’s Alley (1896) puis Buster Brown (1902).
[voir image 11]
Yellow kids par Outcault
• Dans “Little Nemo in Slumberland”(1905) dont le style est si proche de l’Art Nouveau mis en oeuvre par Victor Horta à Bruxelles, chaque matin, le petit Nemo tombe du lit après avoir rêvé de villes en hauteur, de princesses éphémères et d’animaux rutilants. C’est une oeuvre magistrale sans cesse redécouverte. Elle aurait suffi à la gloire de McCay.
Mais son génie défrichait déjà d’autres voies. Avec “Gertie, the dinosaur” (1914), il jette les bases du dessin animé tel qu’on le concevra pendant la plus grande partie du XXe siècle. La partie animée de ce film dans
lequel interviennent aussi des personnages réels – l’auteur lui-même face à ses confrères – est composée de feuilles de papier superposées décomposant chaque mouvement de Gertie. C’est aussi le premier film du genre construit autour d’un personnage central attrayant. Ces caractéristiques font de Winsor McCay le précurseur de Walt Disney.
[voir image 11 & 13]
Little Nemo par Winsor McCay
Gertie le dinosaure par Winsor McCay

http://drgrobsanimationreview.com/2010/06/21/gertie-the-dinosaur/