Le collage [#3, #2, #1, ...]
Évoquer un espace = évoquer une profondeur / des plans d'éloignement / un cubage / une ambiance
A
la fois procédé plastique, posture intellectuelle, et l'un des
marqueurs de la modernité du 20° siècle, le collage va être l'un des
axes créatifs privilégiés explorés par les 1 STD2A.
Topo introductif du mercredi 7 septembre
( résumé des points clés )
La capacité à créer un choc visuel
Rassembler,
mettre en relation des éléments visuels et / ou réels qui n'ont pas de
rapport entre eux initialement. Leurs interactions suscitent chocs
visuels et chocs de sens. Dada et les surréalistes ont été les artisans
de cette approche du collage, la première historiquement, initiée par
Pablo Picasso.
Raoul Hausmann, ABCD, portrait de l'artiste, 1924 |
La capacité à créer des accumulations
Le
collage a été l'un des outils de prédilection des plasticiens qui au
cours du 20° siècle ont voulu accumuler jusqu'à l'absurde objets, gens,
etc, pour dénoncer tour à tour le gaspillage, la consommation, le luxe,
l'abondance, des nuisances, des violences.... Parmi eux, les
pop-artistes.
Richard Hamilton, collage pop, 1956 |
La capacité à créer des rythmes visuels forts et structurants
Coller, c'est aussi reproduire, mettre en continuité, mettre en scène très rapidement de éléments graphiques .
Roman Cieslewicz, affiche d'exposition,1981 |
La capacité à créer des déformations
Répétitions, emprunts hétéroclites, changements d'échelles.... Le collage a été employé très tôt pour jouer avec le réel.
La capacité à créer de l'épaisseur
Jean-Paul Goude, publicité pour les Galeries Lafayette, années 90 |
Coller,
c'est souvent superposer. La création de couches, de strates,
d'épaisseurs et d'une surface intéressa, entre autres, les Nouveaux
Réalistes, dans la France des années 60.
Raymond Hains, affiche déchirée, années 60 |
La capacité à créer des rythmes, des couleurs, de matières
Le
collage, dès lors qu'il est employé en multitudes de petits éléments,
devient une façon de créer optiquement des couleurs ou des matières.
L’œil ne voit plus le détail de chaque collage, mais la synthèse de
l'ensemble.
Jérôme Fortin, Écran n°11 (détail), 2006. Collage (revues Artforum) |
La capacité à amplifier le caractère d'un élément de base
Bien
souvent employé pour générer des chocs et des actes violents et
spontanés, le collage est aussi un outil pour créer des univers où
chaque élément apporte sa part de références et de sensations,
cohérentes toutes entre elles, au final.
Hush, mur peint de la série des geishas |
Le collage comme moyen de poser un espace (mixer dessins et photos)
Topo du mercredi 21 septembre 2016
Évoquer un espace = évoquer une profondeur / des plans d'éloignement / un cubage / une ambiance
L'espace vient principalement de la diminution des éléments visuels |
photos de maquette collées sur une seconde photo |
dessin collé sur une photo |
photos collées sur un dessin |
dessin et photos alternés, en harmonie d'échelle |
photos et dessins alternés en épaisseur et en chevauchements |
le collage première application
En vous appuyant sur l'un de ces poèmes, ou un fragment, proposez un collage qui exploite une ou plusieurs des capacités de ce procédé entrevu en cours.
« à une passante »
Publié dans la revue L'Artiste en
1855
La rue
assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
Arthur Rimbaud
Sensation
Publié
dans le recueil : Poésies en 1871
Par les soirs bleus d’été,
j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne
penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.