Pour la sculpture "LOVE", Robert Indiana a utilisé la forme du caractère Clarendon. C'est la police de caractère type de la Révolution Industrielle.
Le Clarendon | |||
Le premier caractère à porter le nom de Clarendon
est l’oeuvre de Robert Besley of Fann St. Foundry en 1845. Il se
présentait comme un caractère gras et étroitisé destiné à complété
pour le titrage les caractères romains traditionnels. Son dessin simplifié et solide le prédestinait à l’impression de journaux. Le Clarendon est également le premier caractère à bénéficier d’un copyright. Après que la période de 3 ans de protection fut passée, le terme Clarendon devint un synonyme pour ‘gras’. |
Fifth Avenue and 60th Street. New York |
"Il y a eu de nombreux peintres américains de signes, mais il n'y a jamais eu de peintres de signes américains."
Cet exercice d'emphase résume la position de Robert Indiana dans le
monde de l'art contemporain. Il a pris les symboles quotidiens de bord
de route en Amérique et en fit un pop art géométrique et brillamment
coloré. Dans son travail, il est un commentateur ironique mais
respectueux de la scène américaine. Tant son graphisme que ses peintures
ont été des marqueurs de la vie culturelle et, durant les rebelles
années 1960, souligné les affirmations politiques.
Robert Indiana est considéré comme l’un des artistes les plus
marquants du mouvement Pop Art et plus largement de l’Art Contemporain.
Né Robert Clark en 1928 à New Castle dans l’Indiana, il a eu une
enfance bohême rythmée par les nombreux déménagements au coeur du
Midwest. Une enfance qui le familiarise non seulement avec le voyage et
la route mais aussi avec l’Amérique et la symbolique qui s’y rattache.
Les panneaux routiers ont beaucoup d'impact sur lui, et il est aussi
marqué par l'enseigne de Pillips 66 Gas pour laquelle travaille son
père.
En 1953, Robert Clark sort diplômé de l’Art Institute de Chicago et
remporte une bourse de voyage pour l’Europe, déjà le signe d’un talent
indéniable.
Ainsi, Robert Clark devient Robert Indiana en hommage à l’Etat de
l’Indiana, lequel constitue une grande partie de son enfance et ses
heureux souvenirs. C’est en tant que Robert Indiana que l’artiste
s’émancipe devenant très vite une des figures incontournables du
mouvement Pop Art au même titre que ses pairs, Jasper Johns, Robert
Rauschenberg, Roy Lichtenstein ou Andy Warhol…
Le Pop Art est pour lui un moyen d’exprimer sa fascination pour la
culture américaine dans laquelle il a baigné tout au long de ses « road
trip » avec ses parents. La signalisation routière a tout
particulièrement influencé son OEuvre singulière et reconnaissable parmi
tant.
La géométrie parfaite des chiffres et des mots - thèmes de
prédilection chez l’artiste - le dynamisme des tracés ainsi que la
vivacité des couleurs caractérisent bien son OEuvre pop et pétillante.
Très sensible à l’environnement qui l’entoure depuis son plus jeune âge,
Robert Indiana s’imprègne de la ville et extériorise cette inspiration
par son art, « The American Dream », « The Bridge » en hommage au
Brooklyn Bridge mais aussi et surtout à Vinalhaven, ville située sur Fox
Island dans le Maine où il s’est établit depuis 1969. Le « Love » qu’il
décline en différentes couleurs, tailles et mediums, et depuis quelques
années, le « Hope » sont autant de façons pour lui de déclarer son
amour à la ville et plus largement à ce qui l’environne.
C’est à partir de 1966 que Robert Indiana exprime son attachement à
l’urbain plaçant Philadelphie comme point de départ. Sa première
monumentale sculpture est située dans le Love Park. Plus tard il la
multipliera et étendra son concept du « love » à Manhattan sur la 6th
avenue devant la célèbre maison de vente Phillips de Pury mais aussi par
delà les frontières. Il le décline par la suite en différentes langues,
espagnol, italien, hébreux, chinois et élu domicile à Madrid, Montréal,
Singapour ou Shanghai…
Peintre à ses débuts, il élabore son « Love » par la sérigraphie dans
un premier temps, procédé qui lui permet d’obtenir un tracé précis et
de jouer avec la superposition des couleurs.
C’est à la suite de sa collaboration avec le Museum of Modern Art de
New York pour la création de cartes de Noël, siglées de son fameux
«Love», qu’il s’essaie à la sculpture, non sans succès car ses
sculptures deviennent le symbole de son OEuvre. Exposées au coeur des
plus grandes villes, imposantes par leurs tailles et leurs matériaux,
les sculptures de Robert Indiana incarnent le Pop Art dans la conscience
collective et son « Love » se veut communicatif, comme pour apaiser les
mots d’une société parfois malheureuse.
Il est sans conteste l’artiste de Pop Art le moins critique envers la
société, loin d’employer le ton cynique d’usage chez les pop artistes
et dont Warhol fût la figure de proue, Indiana se veut plus « humaniste »
multipliant les messages d’amour et de paix partout dans le monde. Plus
tard c’est un autre message teinté de la même consonance, celle d’un
monde positif, qu’il affiche inlassablement : « Hope ».
En pleine campagne présidentielle de 2008, Indiana puise dans le
discours d’un homme qu’il admire et dont les points communs ne manquent
pas, notamment un lien particulier tissé avec Chicago : Barack Obama.
L’artiste contribue d’ailleurs à financer la campagne du futur président
grâce aux fonds récoltés par les dérivés de ses sculptures « Hope ». Il
ne s’agit plus d’amour mais le message est tout aussi fort, celui de
l’espoir en l’humanité possible par l’Art et la Politique.
Lier l’Art à la Politique est somme toute un pari délicat, parfois
peu glorieux pour certains, mais Indiana le réussit avec brio, dans la
continuité de son OEuvre faisant fi des clivages sociaux et
géographiques pour incarner le pop art ou l’art populaire dans toute sa
splendeur.
Corbel Gallery
http://www.corbel.eu/nos-artistes/robert-indiana.html
Installation Fifth Avenue and 60th Street. New York, 1971 |
Fabrication |
Robert Indiana - LOVE sculpture - 1960s |
Robert Indiana / Photographie Corbel Gallery |