lundi 25 janvier 2016

[ATC] le design organique partie 2



le design organique
2° partie



Outre une posture chez certains "créateurs" des années 30, architectes et artisans intéressés par les capacités des dérivés du bois et les formes nouvelles rendues possibles, le style organique est à considérer comme le principal vocabulaire formel lors des prémices du design industriel.

A l'époque où des marques américaines se sont intéressés pour la première fois au design comme accélérateur des ventes, il fallait combattre une tendance des objets, conçus par des ingénieurs, à être lourds, géométriques, et parfois dangereux ( moteurs apparents, angles vifs, vibrations non maîtrisées, etc.. ). Le style organique et le streamline, sa forme la plus radicale, en générant de grandes surfaces lisses, harmonieuses et continues, résolvaient ces désagréments et assuraient pour la première fois une séduction et une expressivité à l'objet, en contrepartie d'un surcoût acceptable. 
Ces premiers designers étaient d'ailleurs des publicitaires ( Raymond Loewy, Walter Dorwin Teague ), des décorateurs ( Norman Bel Geddes ), et des stylistes ( Henry Dreyfus ) : des professionnels de l'image
Outre ces quatre pionniers que la postérité a retenue, une pléiade de designers "inconnus" ont développé le style organique, non plus au mobilier, mais à l'électroménager. 


mixeur Blender Queen N° 41
Don E. Grove
1941, USA
Le style organique, paradoxalement, ne sera reconnu non pas par les centaines d'objets produits, mais par quelques icônes du mobilier, conçues par des architectes dans les années 40 et 50 : 


Lounge chair, Charles and Ray Eames, 1956


chaise Fourmi
Arne Jacobsen, 1952

chaise Tulipe
Eero Saarinen, 1956

Le style organique s'épuise assez rapidement à la fin des années 50, bousculé par d'autres aspirations, le pop et la contestation culturelle.
Il revient au goût du jour dans les années 90, décennie adepte par ailleurs de formes rondes et sensuelles, parfois appelées " Soft design". C'est aussi grâce à la technologie que ce retour s'opère, sous l'impulsion de progrès significatifs sur le béton, les dérivés du bois, la stéréolithographie, la découpe laser, et plus tard l'impression 3D. Ces trois derniers procédés sont sans limites quant à la complexité formelle que l'on peut leur donner.


fauteuil "03 Slice"Mathias Bengtsson,1999
découpe laser
Dans les années 2000 et 2010, c'est plutôt en architecture que le design organique va expérimenter de nouvelles formes, au carrefour d'une recherche de sensualité, d'écologie, et d'expressivité extrême. Retenir les noms de Franck Owen Gehry,  Zaha Hadid, ou des cabinets d'architectures tels que les britanniques Heatherwick Studio ou Future Systems.
Durant cette période, cette esthétique va tendre à se rapprocher presque documentairement des formes naturelles, en reprenant des textures, des détails, ou des silhouettes animales ou végétales.

le centre commercial Selfridge Birmingham
Future Systems, 2003

A noter l'exposition "Shangaï 2010" qui a marqué par son panorama de l'architecture mondiale le triomphe du style organique, confondu parfois avec une autre tendance architecturale, "le déconstructivisme", qui fait généralement appel a des formes plus agressives et angulaires, mais tout aussi illisibles et fascinantes.

Les images projetées lors du second topo, ici