DESIGN EN AFRIQUE
S’asseoir, se coucher et rêver
L’exposition Design en Afrique dévoile un univers voué principalement à des objets supportant le corps. Leur conception est marquée par une créativité en prise directe avec les attitudes, les mouvements, mais aussi avec les symboles de la décoration. Formes et fonctions dialoguent pour le confort des uns et le prestige des autres.
Le dossier de presse à télécharger
Dossier de l'exposition sur RFI.fr
Interview de Christiane Falgayrettes-Leveau, par Pierre Normann Granier, le 22 octobre 2012
Dossier Africa Remix Centre Pompidou/2005
Les designer présentés :
- Kossi Assou,
- Nicolas Sawalo Cissé,
- Issa Diabaté,
- Vincent Niamien,
- Antonio Pépin et Christian Ndong,
- Menzamet,
- Alassane Drabo,
- Balthazar Faye,
- Iviart Izamba,
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Cheick DIALLO / Made in Mali from VIDEOFORMES ARTISTS GALLERY on Vimeo.
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Peut-on parler de design tribal ?
par Dominique Blanc sur Connaissance des arts
croquis MV. |
Akan / Asante, Ghana. Siège bois et pigments H 39 cm. Musée dapper. |
Kossi Assou (Togo) : Slim bed, 2009 Tôle et bois L. : 201 cm Collection particulière. ARCHIVES MUSÉE DAPPER ET DOMINIQUE COHAS |
Dossier de l'exposition sur RFI.fr
Interview de Christiane Falgayrettes-Leveau, par Pierre Normann Granier, le 22 octobre 2012
Dossier Africa Remix Centre Pompidou/2005
Les designer présentés :
- Kossi Assou,
- Nicolas Sawalo Cissé,
- Issa Diabaté,
- Vincent Niamien,
- Antonio Pépin et Christian Ndong,
- Menzamet,
- Alassane Drabo,
- Balthazar Faye,
- Iviart Izamba,
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Cheick Diallo : http://www.diallo-design.com/
Cheick Diallo rocking chair |
Cheik Diallo rocking rondelles |
- Cheick Diallo sur le site du VIA
Cheick DIALLO / Made in Mali from VIDEOFORMES ARTISTS GALLERY on Vimeo.
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Ousmane MBaye : http://ousmanembayedesign.com/
Ousmane Mbaye (Sénégal), Patrimoine, tabouret XXL 2006 tubes galvanisés et fûts de pétrole H : 57 cm |
meuble de cuisine Ousmane Mbaye / texte issu du site de Ousmatubes galvanisés et fûts de pétrole |
Texte issu du site de Ousmane Mbaye
(...) Ousmane MBAYE éprouve une particulière prédilection pour le métal et aime partir de la matière brute pour, en la pliant au gré de son inspiration, en l’assemblant et en la retravaillant, en faire une table, un plateau, une lampe.
Chez lui point de ce misérabilisme cher au discours des « récupérateurs ». La tôle, le fer des emballages recyclés inspirent une partie de sa créativité et il les retravaille pour les ennoblir, faire chatoyer leurs couleurs et les faire accéder au rang d’œuvre d’art à part entière.
Son œuvre n’est pas le rassemblement des déchets de toutes les poubelles du monde. Il s’agit d’un choix structuré d’une matière spécifique dont les dégradés de couleur passés au nuancier du temps et des usures, démultiplient sa créativité.
Sur cette matière, la meule de l’artiste trace de grands coups de pinceau au gré d’une inspiration maîtrisée par une technique soigneusement apprise et qui peut donner une forme à ses rêves les plus chimériques.
Utilitaire, certes, cette œuvre abondante et multiforme, dont chaque pièce est forcément unique, accède, sans qu’aucun doute soit permis, à l’unique statut qui ait toujours été le sien, celui d’œuvre d’art et, parfois, de chef-d’œuvre ! (...)
OUSMANE MBAYE - METROPOLIS - ARTE 2005
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Jules-Bertrand Wokam.
Une mosquée à Tombouctou |
le "Tabouret Tombouctou" (2005) de Jules-Bertrand Wokam, exposé dans le "Design en Afrique" au musée Dapper à Paris. |
La destruction du monument de l’Indépendance à Tombouctou ce 27 octobre a mis en évidence le sens profond de l’œuvre du designer africain Jules-Bertrand Wokam, actuellement exposée au musée Dapper à Paris. Sa création, inspirée par la mosquée Jingereber de Tombouctou, a été rattrapée par l’actualité et le saccage des trésors du patrimoine mondial à Tombouctou par les islamistes armés. Entretien (réalisé avant la destruction du monument de l’Indépendance) avec le designer camerounais Jules-Bertrand Wokam, sur la symbolique de son « Tabouret Tombouctou ».
À quoi ressemble votre tabouret ?
C’est un tabouret qui s’appelle « Tabouret Tombouctou » avec deux joues en bois brut totalement pleines et une assise qui est une cuvée. Sur les faces du tabouret, on a des petits pics en bois qui rappellent un peu l’échelle qu’on retrouve sur la mosquée Jingereber de Tombouctou et qui permettait à entretenir ce bâtiment-là.
Ce tabouret est-il caractéristique pour votre travail ?
Dans mon travail, j’essaie de faire le lien entre les objets du passé et quelque chose qui pourrait vivre dans les intérieurs d’aujourd’hui. Je m’inspire beaucoup de l’architecture, des objets symboliques traditionnels et j’essaie de tirer le fil de ces objets pour les inscrire dans les objets actuels et dans les intérieurs d’aujourd’hui.
Votre œuvre est fortement inspirée de Tombouctou. Quelle est votre réaction par rapport aux saccages du patrimoine culturel dans cette ville ?
Cet objet a été créé, il y a cinq ans. Il a été rattrapé par l’actualité d’aujourd’hui. Ce qui m’a intéressé, c’est qu’on a un édifice qui fait partie du patrimoine et qui a besoin d’être entretenu tous les ans pour continuer à vivre. Ce bâtiment a traversé l’histoire en gardant ce lien-là. Aujourd’hui, ce lien est très fragile et peut-être il va se casser. On ne sait pas s’il va rester ou pas.
C’est comme s’il y a un background politique qui a rattrapé l’objet, qui n’était pas voulu au départ. Au départ, je m’intéressais aux aspects esthétiques de cet objet qui est fragile et que j’inscris dans quelque chose d’immuable. Un fait m'a fait interéssé, c'est que toute la communauté se réunit pour entretenir cet objet. Une fois par an, toute la communauté du village doit se réunir, doit préparer la terre pour entretenir cet objet qui garde ainsi le lien avec leur passé. Un objet qui a pu traverser l’histoire, c’est quelque chose qui me semble important aujourd’hui, dans un contexte comme celui-là.
Vous travaillez avec l’imaginaire de Tombouctou. Est-ce que vous vous sentez vous-même agressé quand ces monuments à Tombouctou ont été saccagés ? Avez-vous le sentiment de défendre ce patrimoine à travers vos œuvres ?
Oui, c’est l’idée aussi. Ce n’est pas anodin. C’est quelque chose qui doit être défendue, poursuivie. Et à chaque fois, je me disais, toute cette civilisation qui a pu générer tous ces objets-là, à un moment donné, on a eu l’impression que le fil de l’histoire s’est coupé et qu’il n’y a plus rien eu. Ce travail aurait pu être poursuivi. On aurait dû avoir une architecture contemporaine africaine aujourd’hui qui est née de cela, qui serait partie de cela. Mais à un moment donné – du fait de la colonisation, de l’histoire- quelque chose a été coupé. Dans mon travail, j’essaie de tirer les liens de ce passé-là pour emmener cela dans un contexte d’aujourd’hui.
Peut-on parler de design tribal ?
par Dominique Blanc sur Connaissance des arts
Le hasard de deux expositions parisiennes, l’une sur les cuillers dans les sociétés non européennes, l’autre sur les sièges africains d’hier à aujourd’hui, soulève une question iconoclaste : peut-on véritablement parler de design tribal ?
Peu de points communs, a priori, entre l'objet de design occidental et le bel objet tribal utilitaire. Le premier, chic et cher, porté par la renommée de son concepteur et le marketing qui s'y rattache, s'inscrit dans les « tendances » et le snobisme qui, peu ou prou, les accompagne.
Le second n'a le plus souvent pas d'auteur connu (du moins après l'arrivée de l'objet en Occident) et il a été réalisé pour un commanditaire bien identifié - un notable, une famille, une association - au sein d'un atelier, parfois réputé dans son aire géographique. Par le dessin, les matériaux, la qualité de l'exécution, tous deux partagent cependant un même sens de l'objet d'exception, relèvent d'un même travail sur le concept de son usage, qu'il s'agisse d'un siège, d'un lit ou d'une cuiller : repensé, retravaillé, reimaginé jusqu'à produire une vision renouvelée de sa forme.
Dans le cas des concepteurs les plus audacieux, à tout le moins. On est alors confronté à la vision élitiste d'un objet à nul autre pareil. Objet d'usage, certes, mais surtout signe de distinction sociale, que sa perfection même et son coût confinent à l'environnement de quelques-uns. Objets de luxe-objets d'art, produits en édition numérotée ou en série plus ou moins importante dans nos sociétés où la rationalisation industrielle est passée par là. OEuvres d'artisans de haut vol, produites à quelques exemplaires, dans le contexte des sociétés traditionnelles non européennes.
L'art appliqué au quotidien « Cette esthétisation de la vie quotidienne connote l'objet telle une oeuvre, comme si l'image l'emportait sur la fonction », écrit Joëlle Busca à propos du design occidental dans le catalogue de « Design en Afrique », la prochaine exposition du musée Dapper. Et aussi : « Le design brouille les frontières entre art, artisanat, ingéniorat et industrie. Ce qu'accroît la pratique de plus en plus usitée de la pièce unique ». Transposer cette manière d'esthétiser le quotidien aux objets d'usage des sociétés traditionnelles non européennes (armes, sièges, poteries, poulies de métiers à tisser, instruments de musique, etc.) n'a rien d'anodin. Un courant important de l'ethnographie considère en effet qu'aborder prioritairement ces objets sous l'angle de l'esthétique s'apparente à une forme d'annexion des cultures dont ils sont issus à un mode de « vision » qui serait purement occidental, aboutissant à parasiter les symboliques culturelles qui leur donnent sens et justifient leur existence : l'image ne doit pas l'emporter sur la fonction. (...)