Malick Sidibé photographié par Jonas fFedwall Karlsson. © Capture d’écran Instagram. |
- Sur wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Malick_Sidib%C3%A9
- De nombreuses photographies sur holott : http://www.holott.org/malicksidibe/msidibe/
- Un portfolio sur Libération : http://www.liberation.fr/photographie/2016/04/16/malick-sidibe-bamako-forever_1446627
MCmarco et Louise. Cliché de Malik Sidibé. Nantes. décembre 1996 |
Disparition du photographe malien Malick Sidibé
C’était le chroniqueur de la jeunesse du tout-Bamako des années 1960-70. Le photographe malien Malick Sidibé s’est éteint à Bamako le 14 avril à l’âge de 80 ans.
Né à Soloba dans une famille peule, Malick Sidibé se forme d’abord à la bijouterie avant d’apprendre la photographie en 1955 auprès de Gérard Guillat, alias « Gégé la Pellicule ». Trois ans plus tard, il ouvrira son propre studio à Bamako dans le quartier de Bagadadji. Si le grand maître malien de l’époque, Seydou Keïta, photographie à la chambre les élégantes posant de biais –sa marque de fabrique –, son cadet se reporte sur des sujets plus populaires. « Seydou, c’était la grande classe des fonctionnaires, avec des hommes richement habillés qui couvraient leur dame de chaînes en or. Moi, c’était la classe moyenne ; on pouvait même poser avec un mouton », racontera-t-il au Monde.Armé d’appareils légers, Malik Sidibé ira surtout sur le terrain humer l’air de son époque. Son champ d’action ? La jeunesse endimanchée et insouciante, les zazous friands de twist, de rock et autres danses cubaines.
« Trésor national »
Le photographe sera de toutes les fêtes, de celles qui s’éternisaient jusqu’à l’aube le long du fleuve Niger. Durant ces décennies, il développera une autre spécialité, les femmes prises de dos, qu’il reprendra à la fin des années 1990. « C’est lui qui a reconnu les photos d’un photographe inconnu que je recherchais, Seydou Keïta », se souvient le marchand André Magnin, qui lui organisera en 1995 une exposition à la Fondation Cartier à Paris, un an après sa présentation aux Rencontres de la photographie de Bamako. Et d’ajouter : « Il était généreux, toujours souriant, timide, mais au regard acéré. Il a su saisir les instants magiques d’une jeunesse moderne qui vit son indépendance, la liberté. Il était considéré comme un maître par les plus jeunes comme Omar Victor Diop. »En 2003, le « trésor national » malien reçoit le prestigieux prix international de la photographie Hasselblad, décerné pour la première fois à un photographe africain. Quatre ans plus tard, c’est la consécration, il est récompensé du Lion d’or à la Biennale de Venise. Lorsque nous nous étions rendus en octobre 2015 à Bamako, sa santé ne lui permettait déjà plus de se rendre à son studio tenu désormais par l’un de ses fils.