lundi 26 août 2019

Design Kesako : des définitions

 
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  • A / DES DEFINITIONS
  • B / USAGE - ESTIME
  • C / ECO & BIO DESIGN
  • D / BIBLIO
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A /DES DEFINITIONS

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Design en stock exposition Paris 2004 (Christine Colin)

ARTS DECORATIFS
Les arts décoratifs (décoration/ornement + « ce qui convient »/fonction) distinguent les objets utilitaires essentiellements destinés à l’habitât, des œuvres d’art = USAGE/FONCTION.
On peut organiser une collection d’arts décoratifs par typologie : meubles, sièges, luminaires, arts de la table, tapis/tapisserie, etc. (anciennement cette organisation se faisait par matériaux).

CREATION INDUSTRIELLE
Esthétique indiustrielle, eseentiellement issue des années 50, début de la consommation et donc de la production de masse.
Une organisation de collection est possible par mode de production : de masse jusqu’à la pièce unique en passant par la mécanisation, aussi bien utilisée par les graosses unités de production que par l’artisanat.

METIERS D’ART
Soit conservatoire des techniques traditionelles de très haut niveau, soit artistes/artisants. Unité de fabrication individuelle qui associe conception et fabrication. Rareté de la production qui peut déboucher sur le marché de l’art.
On peut cataloguer par métiers (de création, de restauration, de tradition) puis par sous catégories techniques (ex : arts de la flamme) puis par matériaux, puis par spécialités (soit techniques soit matériaux).

DESIGN
Catégorie essentiellement constituée par la notion de designer (ce sont les témoins de création de la forme de l’objet, garants de sa traçabilité).
Si le design est bien l’intrication du dessein et du dessin, le designer est le témoin de la séparation entre création et fabrication. cependant, il prend bien en compte, dans la conception, de l’ensemble des paramètres qui concourent à la forme de l’objet : fonction, fabrication, distribution, communication, etc.
On peut organiser une collection design par le nom des créateurs.

Art and crafts
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_%26_Crafts
Bauhaus
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bauhaus

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Design(s) Editions bréal 2004

Le design est un processus de création et de conception de produits. Ce produit n’est pas seulement une forme ou un style, il est aussi une démarche. Mieux comprendre le design, c’est interroger tout ce qui fait la valeur ajoutée d’un produit ; [c’est se préoccuper des usages et des interactions humaines], c’est se préoccuper de la valeur du geste créatif. Le design est forcément [documenté] et prospectif et il est source d’inventions, de nouveautés, parce qu’il est associé à la conception technique, matérielle, économique et commmerciale des produits. [Le designer est un enquêteur qui va inventer des solutions].
  • Concevoir  : l’identité du produit et de l’auteur, la date et le lieu, le contexte, le commanditaire.
  • Développer : le processsu d’élaboration du projet
  • Fabriquer : la technique et les matériaux de fabrication, la fonction et l’usage
  • Distribuer : la cible, l’édition et la diffusion.
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Qu’est-ce que le design ? Définition de l’ICSID – 2002

Cette définition s’applique à tous les métiers du design. Elle contribue à l’élaboration d’une discipline unique. Le design est une activité créatrice dont le but est de présenter les multiples facettes de la qualité des objets, des procédés, des services et des systèmes dans lesquels ils sont intégrés au cours de leur cycle de vie. C’est pourquoi il constitue le principal facteur d’humanisation innovante des technologies et un moteur essentiel dans les échanges économiques et culturels.

Les fonctions
Le design a pour objectif de découvrir et d’assurer des relations structurelles, organisationnelles, fonctionnelles, sensibles et économiques, qui permettent de :
  • veiller à la protection de l’environnement et à sa pérennité à l’échelle mondiale (éthique globale) ;
  • assurer des avantages et une liberté accrue à la communauté humaine, aux utilisateurs finaux, aux producteurs et aux acteurs des marchés, qu’il s’agisse d’individus ou de groupes (éthique sociale) ;
  • promouvoir la diversité culturelle face à la mondialisation (éthique culturelle) ;
  • donner aux produits, services et systèmes des formes qui expriment (sémiologie) avec cohérence (esthétique) leur complexité propre.
Le design s’attache à des produits, des services et des systèmes conçus au moyen d’outils, d’une organisation et d’une logique impulsés par l’industrialisation – même lorsqu’ils ne sont pas fabriqués en série. Appliqué à la conception, l’adjectif «industriel» doit être associé au mot industrie ou à sa signification de secteur de production, voire à son ancienne définition «d’activité industrieuse».
Ainsi, le design est une activité qui implique un large éventail de professions dans lesquelles produits, services, graphisme, architecture intérieure et architecture ont un rôle à jouer.

L’objectif
À elles toutes et de concert avec d’autres professions complémentaires, ces activités devraient souligner encore davantage la valeur de la vie.
Ainsi, le designer exerce une activité intellectuelle et pas simplement un métier ou un service destiné à des entreprises.

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Design en Afrique / s'asseoir, se coucher et rêver / Joëlle Busca, catalogue musée Dapper 2012.

Formes du design en Afrique

Utilisé en Europe depuis les années 1960, le terme « design » serait apparu en Grande-Bretagne, dans le 1er numéro de The Journal of Design & Manufactures en 1849 sous la plume d'Henry Cole, membre de la Royal Society for the Encouragement of Arts, Manufacture and Commerce, initiatrice de la première Exposition universelle, en 1851 à Londres, comme adaptation d'un mot du vieux français, « desseing », auquel on donne le sens de « représentation graphique » et de « projet » : dessin et dessein. Dessiner dans le but de. La forme et l'usage. L'usage et la forme. La primauté de l'un sur l'autre marque une ligne de démarcation — dans toutes les civilisations et à toutes les époques — entre les conceptions liées à l'utilitaire et au luxe, au domestique et à l'ostentatoire. Ce qui réunit ces catégories, apparemment antinomiques, étant l'existence d'un univers de formes, de matières, de textures, de couleurs créées pour établir un cadre et un mode de vie, un ensemble liant les domaines du social, de la technique et du culturel.

UNE CONTEMPORANÉITÉ MARQUÉE

Dans son acception commune, « design » a tendance à conférer une connotation — une aura — de contemporanéité aux artefacts qu'il qualifie. Il suggère que ces objets ne sont pas nés du hasard, mais sont issus d'un travail de recherche, de la mise en oeuvre de technologies et d'applications très étudiées. Le design charge l'objet d'un statut temporel, lié à l'effet de mode, l'impliquant ainsi en témoin de notre environnement, comme indicateur de style de vie, marqueur social et expression de caractères personnels, comme avant-garde dans l'univers de la consommation de masse.
Les évolutions rapides de la société, où l'abondance et la profusion côtoient la pénurie et l'appauvrissement, induisent un brouillage de la substance signifiante de l'objet, du côté de l'utilitaire comme du rare. Dans les pays supposés « avancés », d'un objet familier, rendu indispensable par son usage concret, on est passé à une multitude de produits, aux fonctions similaires mais spécialisées, siglés, à l'apparence originale, remarquable et clinquante, dont la magie et la superstition ne résident plus dans l'existence bénéfique, mais dans l'image valorisante qu'ils confèrent à la personne qui les possède et les exhibe. En ce sens, le designer et le communiquant ré enchantent un monde déprimé par l'extrême prolifération de biens, en redonnant une valeur symbolique à des objets toujours régénérés, aussi banals qu'un presse-agrumes ou une voiture, les entourant d'une cohérence narrative, inventant un contact personnel entre eux et l'utilisateur. Cette esthétisation de la vie quotidienne connote l'objet telle une oeuvre, comme si l'image l'emportait sur la fonction.
L'objet artisanal, parce qu'il est fabriqué à la main, affiche un caractère singulier, sujet à variations, infimes ou plus visibles. Pour conserver cette particularité, le produit manufacturé est obligé de se parer d'attributs qui, ajoutés les uns aux autres, signent son aspect distinctif et supposé exceptionnel. Il se présente avec les noms de son créateur, de son éditeur, une marque, un numéro dans une série limitée, un signalement médiatique, un parrainage.
Le design brouille les frontières entre art, artisanat, ingéniorat et industrie. Ce qu'accroît la pratique de plus en plus usitée de la pièce unique. Les hiérarchies entre artes mechanicae et artes liberales s'effacent, des boîtes de soupe Campbell magnifiées par Andy Warhol aux robes sculptures d'Iris van Herpen, en passant par la DS réduite de Gabriel Orozco, les figurines de mangas de Takashi Murakami, les oeuvres de Jeff Koons ou de Wim Delvoye. (...)

The Campbell Soup Company, captured by Andy Warhol's iconic artwork of the 1960s, is expanding into fresh food, juices and salad dressings. Photograph by: Luke Macgregor, Reuters , The Associated Press

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Manifeste pour le renouveau social et critique du design 2015 PUF par Stéphane Vial

Nous affirmons donc l’unité fondamentale de toutes les pratiques du design authentique derrière les cinq principes suivants.
  • Principe 1. Un acte de design authentique est un acte social et critique. Il commence par un moment critique, c’est-à-dire un moment où le designer détecte l’existence d’une insatisfaction vis-à-vis du monde qui le propulse dans un projet en vue de rendre ce monde plus habitable pour la collectivité.
  • Principe 2. Un acte de design authentique est nécessairement tourné vers l’amélioration de la vie d’autrui et de la collectivité. Ses objets sont les usages sur lesquels le designer agit en façonnant les dispositifs de notre monde habité, artefacts matériels ou immatériels.
  • Principe 3. Le design est une pratique qui participe inévitablement à définir les contours du vivre-ensemble, et il est de la responsabilité des designers d’assumer pleinement ce rôle et de savoir rendre publique l’idée même du vivre-ensemble qu’ils mettent en œuvre.
  • Principe 4. Aucun apprentissage du design ne saurait avoir lieu sans une appropriation raisonnée de l’appareil conceptuel qu’il partage avec les sciences humaines et sociales.
  • Principe 5. La réflexion authentique en design s’intéresse avant tout aux relations entre les humains et leurs divers environnements, aux modalités du vivre-ensemble, à l’expression des cultures contemporaines et aux conceptions du bien commun.
Pour toutes ces raisons, une pratique du design authentique ne peut être autrement que sociale et critique. Elle est sociale par nature et critique par nécessité. Telle est la voie de l’unité renouvelée du design pour le xxi e siècle.

Montréal – Nîmes, 26 août 2014. Gauthier Philippe, Proulx Sébastien, Vial Stéphane, « Manifeste pour le renouveau social et critique du design »,  Le design, Paris, Presses Universitaires de France , «Que sais-je ?», 2015, 128 pages URL : www.cairn.info/le-design--9782130620433-page-120.htm.

B / USAGE - ESTIME

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Objet technique, fonction d’usage et fonction d’estime par Nadia Mahfoudh dans "L’analyse du fonctionnement et la conception d’un objet technique"

Dans notre environnement, nous trouvons toutes sortes d’objets. Parmi eux, certains ont été transformés ou fabriqués par l’Homme pour répondre à ses besoins. Ce sont les objets techniques.
Un objet technique est un objet issu de matières transformées par l’Homme et qui répond à un besoin.
Les objets techniques permettent de réaliser une action (couper, avancer, visser, ranger, mesurer, enregistrer, conserver, informer,…). Cette action est appelée « fonction d’usage ».
La « fonction d’usage » est liée directement à l’utilisation du produit, elle est la même quel que soit son utilisateur, indépendamment de ses goûts et désirs. Elle est la conséquence d’un besoin (communiquer, transporter, …)
La fonction d’usage s’exprime par un verbe, on la trouve en posant la question « à quoi sert l’objet ? ». Certains objets techniques possèdent plusieurs fonctions, ils permettent donc de réaliser plusieurs actions.
Exemple : une règle possède deux fonctions d’usage : tracer et mesurer.
Tout objet technique est issu d’objets ou de matériaux naturels. Les transformations peuvent être successives. Le consommateur achète un objet pour satisfaire un besoin : c’est la fonction d’usage.
Mais l’effet de séduction peut aussi influencer le consommateur : c’est la fonction d’estime.
L’esthétique (ou «design»), la mode (image, marque,…), les performances, le prix, la fiabilité, la disponibilité de l’objet technique (délai de livraison), … influent sur la « valeur » de l’objet, donc sur la décision d’ achat.
La fonction d’estime est liée au goût des utilisateurs et peut être ressentie d’une manière différente d’un utilisateur à l’autre (contrairement à la fonction d’usage). Elle peut se définir en répondant à la question « qu’est-ce qui me plait (ou pas) dans l’objet ? ».
http://www.technologie.ws/articles/objet-technique-fonction-d%E2%80%99usage-et-fonction-destime/

La valeur d'estime vue du côté marketing

La valeur d’estime traduit la considération du client. La valeur d’estime correspond à la considération affective que le client attache au produit lors de son achat ou que l’utilisateur éprouve lors de son usage.
C’est la force du design que de savoir relier ces éléments d’image aux éléments d’usage. Par exemple, un consommateur peut apprécier un produit pour sa légèreté, son côté pratique, son aspect “haut de gamme”, sa couleur, son appartenance à un univers de marque, etc.
Dans cette relation au produit, les sens sont fortement sollicités : aspects visuels, tactiles, voire odeurs, goût, etc. On parle alors de design sensoriel utilisant des codes culturels et associant une couleur, une forme, une matière, un son… à un type de qualité.
Cette valeur d’estime n’existe que si le produit lui-même possède des qualités reconnues et éprouvées par l’usage, sinon la déception conduit à une perte de valeur immédiate.
Le design met en valeur les qualités que le consommateur devra percevoir
Le choix du client est dicté par la “qualité perçue” et non pas par les qualités intrinsèques du produit.
Ceci est d’autant plus vrai que bien des produits sont équivalents en termes de performances techniques (outillage, électroménager, électronique, mais aussi agroalimentaire…).
C’est la valeur d’estime qui fait la différence lors de l’acte d’achat.
Le design, en coopération avec les services marketing et communication de l’entreprise, contribue à donner une personnalité au produit pour en accroître la valeur d’estime.
Jouer sur la forme, les couleurs, les aspects de surface, l’agencement et la praticité des dispositifs de commande, l’emballage, les sons… consiste à éviter les dissonances de perception, jusque dans l’environnement des espaces de vente (mobilier, éclairage, ambiances, publicité, etc.).
Ce travail de mise en cohérence doit être constamment réajusté en fonction des évolutions de l’environnement commercial, culturel et technologique des produits.

http://www.declicdesign.fr/spip.php?article85

C / ECO DESIGN

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Les 8 concepts ecodesign [Silvia Barbero - Brunella Cozzo - éditions Ullmann 2009]

La force des parties / Design de composants

Le design de composants a pour but de déterminer et d'optimiser la forme globale de l'objet à partir de la dimension et de la disposition des parties qui le composent, c'est-à-dire les composants. Chacun d'entre eux est considéré comme un produit fini, dont le cycle de vie, autonome, est aussi lié aux autres. Le projet commence alors par l'analyse d'objets démontés appartenant à la même catégorie: les relations entre les composants, les lois physico-mécaniques qui les caractérisent et leurs techniques de production sont les différents aspects pris en compte.
Une fois ces parties définies, on identifie les éléments clés de fonctionnement de cet objet et l'on passe à la phase créative.
Ici, le créateur travaille en suivant les lignes directrices suivantes :
  • intégrer des composants de même matériau (objet monomatériau) et éviter de recourir à des matériaux différents;
  • marquer les matériaux de manière  indélébile (par impression ou étiquette);
  • minimiser la production de déchets;
  • prédéterminer les éventuels points de rupture pour faciliter le démontage
  • rapide des parties;
  • éviter les formes et systèmes pouvant causer des procédures de désassemblage trop longues.
Lancer un projet visant des composants signifie aussi tenir compte de l'accessibilité du produit en termes d'utilisation et de manutention, pour en faciliter l'usage.

La légèreté durable du matériau / réduction de la matière et design pour le désassemblage

Une analyse des produits présents sur le marché met en évidence une tendance générale à la sur-utilisation de matériaux. Projeter selon une logique de réduction de la matière signifie réaliser un produit en optimisant les quantités de matériau et d'énergie. La réduction de matière présente ainsi un double avantage : elle consent la protection des ressources, grâce à l'utilisation attentive des matériaux travaillés et réduit les émissions nocives pour l'environnement.
S'il suit cette approche, le designer a aussi pour mission d'éviter la multiplication des matériaux, qui compliqueraient le processus de recyclage et de démontage. Les produits réalisés dans cette optique satisfont ainsi également le design pour le désassemblage. Ce dernier prévoit qu'en amont de leur construction, les objets soient pensés pour être démontés et ainsi recyclés. Dans cette optique, il est important de faciliter l'identification du
matériau, afin que tous les Composants puissent être réutilisés ou recyclés, même s'ils sont remplacés par des matériaux différents. De nombreux pays ont ainsi initié des réglementations prévoyant le marquage des objets et des composants pour une identification rapide.

La discrétion de la matière / Monomatériau et matériaux "bio"

Pourtant simple à appliquer, l'idée de monomatériau (ou utilisation d'un seul matériau) est un principe de l'écodesign souvent négligé. Malheureusement, la
nécessité d'offrir un produit attractif prévaut souvent sur les questions environnementales; le résultat en est une diffusion de plus en plus forte de produits dont l'impact environnemental est lourd. Projeter dans un esprit durable signifie au contraire employer des ressources plus adaptées à un objet et à sa fonction, et non pas à la satisfaction des lois du marché.
Les avantages du monomatériau sont nombreux, étant donné que projeter avec un seul matériau signifie simplifier autant le processus de production que le recyclage en fin de vie. Cette approche s'applique généralement à des produits peu complexes, à des objets jetables et aux composants primaires de produits plus élaborés.
Étant donné les coûts environnementaux d'extraction, de transformation et de désassemblage des ressources, l'écodesign s'oriente généralement vers l'emploi de matériaux « bio » parmi lesquels des matériaux naturels dérivés de produits bruts, comme les plastiques sans pétrole biodégradables, issus de l'amidon de maïs ou de pomme-de-terre (PLA).

Trans-matériau / Recyclage et réemploi

Pourtant similaires, les concepts de recyclage et de réemploi se différencient par la nature des produits qu'ils génèrent. Tandis que le recyclage prévoit la transformation et la réutilisation du ou des matériaux de l'objet recyclé, le réemploi utilise à nouveau l'objet même, en lui apportant des modifications structurelles ou formelles, sans pour autant opérer de transformations chimiques ou physiques.
En termes de durée, dans le premier cas ce sont les matériaux qui durent dans le temps et dépassent la durée de vie du produit, tandis que dans le second, c'est l'objet lui-même. Le recyclage comprend de nombreuses sous-catégories, dont les plus connues sont le recyclage en cascade, le recyclage post-consommation et le recyclage préconsommation.
Le premier consiste en la récupération de matériaux pour des usages chaque fois plus simplifiés par rapport à la matière originale; ceci étant dû à la perte des qualités structurelles et chimiques entrainée par la transformation.
Le recyclage post-consommation, le plus connu, prévoit la transformation des matériaux ou de parties du produit en fin de vie, après un tri sélectif. Le recyclage pré-consommation est plus théorique et moins connu: on vérifie à priori la nécessité réelle du produit à mettre sur le marché. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, le pré-recyclage est mis en oeuvre: la réalisation de l'objet est bloquée et évite ainsi, en amont, la perte de ressources.

Volume diminué / réduction des dimensions

Le designer s'attelant à la projetation d'un nouvel objet travaille selon des pré-requis : compacter, réduire ou limiter la consommation engendrée par le transport. Certainement pour économiser des ressources, mais aussi pour prévenir des consommations excessives durant le transport, une projetation intelligente des dimensions reste inévitable. Plus on peut stocker de produits en un seul voyage, moins les émissions de C02 aggravent la situation écologique; ce qui implique aussi une économie directe de carburant.
La réduction des dimensions suit deux lignes directrices principales:
• projeter produit et emballage simultanément;
• prévoir l'assemblage après l'achat.
Dans la phase de projetation, il existe une étroite relation entre ces deux idées clés; la confrontation de leurs nécessités et de leurs caractéristiques permet d'obtenir un résultat hautement fonctionnel, essentiel dans les dimensions et dans l'emploi des matériaux. La forme du produit permettra ainsi une véritable exploitation de l'espace durant le transport. L'emballage, quant à lui, devra adhérer le plus possible à l'objet, en le protégeant et en évitant de créer des zones de vide inutiles. Cette étape ne fait aucunement perdre de force communicative à l'emballage, dont la fonction est aussi celle de présenter aumieux le produit sur le marché.
La problématique du transport ne se limite pas au poids et aux dimensions des marchandises; la question du moyen de transport est tout aussi importante. La diffusion des moyens alternatifs, qu'ils utilisent des carburants naturels ou des sources d'énergies renouvelables au lieu de combustibles fossiles, amènerait à une réduction encore plus drastique des émissions de C02.

O% produits / le design de services

Est-il possible de substituer un service à un objet? Répondre à cette question signifie entrer dans le contexte du design de services. Cette approche étudie les systèmes alternatifs à l'utilisation individuelle des objets. La réponse à ce type de services est généralement très positive, puisque l'utilisation d'un bien naît avant tout du besoin de faciliter une action, et non du désir de posséder l'objet en soi. Il en résulte une forme hybride de produit et service, où un propriétaire unique fournit un service à plusieurs utilisateurs. Il tire un bénéfice économique de la diminution de sa consommation des ressources, des émissions et des déchets, et gagne ainsi personnellement à prendre soin du produit jusqu'à sa fin de vie.
C'est le cas du covoiturage : si posséder une voiture est la conséquence du besoin de se déplacer plus rapidement, ce type de service (mettant en relation le propriétaire de la voiture et qui a besoin de se déplacer) permet de satisfaire les besoins d'un groupe à l'aide d'un seul moyen. Les coûts engendrés d'une part par la possession et de l'autre par le voyage, sont ainsi diminués. Un service de ce genre sensibilise également les  utilisateurs à des comportements conscients et durables (les déplacements en voiture se réduisant au strict nécessaire) et favorise les nouvelles relations entre les personnes, les lieux et les objets.

Techno/écologique / Technologie pour le développement durable

À travers l'emploi d'une technologie adaptée, il est possible de rendre un objet éco-compatible : pensons par exemple aux possibilités technologiques capables d'améliorer l'efficacité des produits, de favoriser les économies d'énergie ou d'intégrer de nouvelles fonctions à un objet, et considérons aussi les nanotechnologies et biotechnologies. Malgré les accusations fondées d'un emploi excessif et la pollution qui en résulte, la production industrielle reste fortement liée à l'exploitation de matériaux et ressources naturels. Les avancées technologiques dans le cadre du développement durable oeuvrent de plus en plus dans le sens des économies de matériaux, en encourageant la diffusion des services, tandis que les technologies à faible impact environnemental vivent un véritable essor.
À la différence de la projetation traditionnelle, l'écodesign évolue au coeur d'un large éventail de qualités et de valeurs, où la communication entre moyens et systèmes est ouverte et transversale. C'estainsi que prennent forme des solutions originales, avant-gardistes du point de vue technologique et ayant pour but un développement durable.

Dire, faire, durer / Ecopublicité

Pour exprimer et diffuser le concept de développement durable, la communication peut s'effectuer par les moyens habituels; mais l'écopublicité existe à bien d'autres niveaux et sous diverses formes.
En réalité, les messages relatifs aux questions environnementales n'atteignent plus leur public uniquement grâce aux médias et aux campagnes de communication employées, faisant de l'affichage et du pay-off leurs instruments d'expression les plus immédiats; il existe sur le marché de plus en plus de produits qui, d'une manière ou d'une autre, déclarent leur durabilité et en font leur point fort. Ces produits communiquent parfois un message très direct en l'intégrant à leur propre design; dans d'autres cas, ils mentionnent leurs certifications environnementales, lesquelles naissent pourtant de procédures méticuleuses et complexes, souvent difficiles à comprendre par l'acheteur de l'objet; dans d'autres cas encore, ils invitent à des comportements durables ou proposent des jeux éducatifs, qui stimulent aussi les enfants à adopter un regard neuf sur le monde dans lequel nous vivons. La durabilité peut ainsi être soit le sujet direct de la communication, soit un instrument pour valoriser et faire la publicité d'un produit sur le marché.

Zéro emissions / Le design systémique

Le secret d'un bon design ne réside pas seulement dans la mise en scène d'un produit pour en valoriser la composante esthétique. En opérant dans un ensemble de valeurs sociales, culturelles et éthiques, l'écodesign doit tenir compte des systèmes au sein desquels les produits sont réalisés. Il est de ce fait important de visualiser et gérer le flux de matériau passant d'un système à l'autre, afin que le cycle économique visible ainsi généré réduise au fur et à mesure l'empreinte écologique des produits.
Celui-ci s'appelle design systémique : selon ce principe, les produits secondaires et déchets dérivant de l'usage des ressources sont attentivement étudiés afin de recueillir un maximum d'informations et d'en faire une évaluation réelle. Nous pensons par exemple aux déchets des processus de production, qui pour le moment demeurent en grande partie inutilisés et représentent ainsi un coût. Le design systémique vise à la conception d'un nouveau modèle productif, où les cycles industriels sont ouverts et interconnectés: il se génère ainsi des flux de matériaux (les produits secondaires) et d'énergies, au cours desquels aucun déchet ne reste inutilisé et qui rendent chaque système plus stable à long terme.

Voir hybridation design

BIBLIO

Matériaux + Art = œuvre
Tristan Manco éditions pyramyd 2012 [CDI]

Design contre design
RMN 2007 [CDI]

Le design européen depuis 1985
Citadelles & Mazenod 2009 [CDI]

Le design mode d'emploi
Elizabeth Couturier Flammarion 2009 [CDI]

plier/déplier
Per Mollerup / Thames & Hudson 2002 [CDI]

Design(s) de la conception à la diffusion
Editions BREAL 2004 [CDI]

- Le design SCALA X 20843
- Eames TASCHEN X 25159
- Le design depuis 1945 13904- Design du XXe siècle TASCHEN 22800
- Le design essai sur des théories et des pratiques IFM regard 4745
- Materiology 17299

Les pratiques pauvres du sténopé au téléphone mobile
JM Baldner et Y. Vigouroux isthme éditions 2005 [MCmarco]

sustainable design III vers une nouvelle éthique de l'architecture et la ville
M. H. Contal J. Revedin Editions alternatives 2014 [MCmarco]

Design en Afrique s'asseoir, se coucher et rêver
Musée Dapper 2012 [MCmarco]

Ecosedign
S. Barbero B. Cozzo éditions H.F.Ulmann 2009 [MCmarco]