dimanche 27 octobre 2013

Petite histoire de la lettre 1/2

Tous les textes, sauf mention contraire, sont issus du livre de Claude Médiavilla Calligraphie Editions de l'Imprimerie Nationale 1993.

De la Préhistoire à la Renaissance

1 // DESSINER LA LETTRE

2 // PICTOGRAMME et IDEOGRAMME

3 // L'ECRITURE GRECQUE

4 // DU GREC AU LATIN 

LA QUADRATA 

LA RUSTICA 

L'ONCIALE ROMAINE 

LA CAROLINE

LA GOTHIQUE TEXTURA

LA GOTHIQUE FRAKTUR

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1 // DESSINER LA LETTRE


[p 25] Il faut se tenir droit face au plan de travail, mais sans raideur, l'avant bras replié sur la table, la main placée sur la feuille. Les pieds reposeront au sol. On évitera de se crisper de façon à conserver son corps bien détendu. Enfin, durant le tracé calligraphique, veillez à ne pas retenir la respiration. 
(...) Si l'on assimile la calligraphie à l'un des arts martiaux, il faut noter que le but recherché dans ces derniers consiste à instaurer une circulation régulière des énergies pour le contrôle du souffle, de sorte que les mouvements deviennent précis et coordonnés. dans cette perspective, le calligraphe expérimenté prendra soin d'inspirer et d'expirer doucement, progressivement.

2 // PICTOGRAMME et IDEOGRAMME

Grotte d'Altamira (Espagne) détail.
[p 77] Près de 30 000 ans avant notre ère, les hommes décidèrent de recouvrir les parois de leurs cavernes d'images de chasse. N'était-ce pas la première tentation de l'écrit ? Lascaux, Altamira, ces noms d'avant l'Histoire évoquent immanquablement les débuts de la représentation, de la reproduction du réel. 
(...) Au temps des cités lacustres, le silence repris ses droits, puis l'architecture Celtique resta muette. Les premiers moments de l'écriture humaines ne durèrent pas ; comme figée par un mystérieux respect, il semble qu'elle se soit incarnée dans l'élan de monolithes étranges. 30 000 ans passeront avant que l'on ne redécouvre une autre forme de langage, mais cette fois bien loin de la façade atlantique...




[p 77] Nous ignorons si l'écriture trouva son deuxième souffle chez les sumériens ou chez les Egyptiens. Les écritures de ces deux peuples évoluèrent parallèlement, et personne ne saurait aujourd'hui préciser de quelle interaction chacune vis-à-vis de l'autre aurait pu relever.
C'est entre 4000 et 3500 avant notre ère que nous notons l'antériorité d'une civilisation dite d'El-Obeid, où se développent l'urbanisme et l'architecture religieuse. Toutefois, la consolidation de cette vie urbaine n'est pas concevable sans la mise au point d'un système graphique.
(...) Uruk conserve ce qui représente probablement les plus anciens documents d'écriture : des tablettes semi-pictographiques d'argile.
Ce système pictographique fera bientôt place à une graphie cunéiforme (en forme de coin).
[p 79] Le terme hiéroglyphe est issu des mots grecs hieros "sacré et glyphein "graver" ; les hiéroglyphes servaient à retranscrire des textes sacrés, du III millénaire jusqu'à sa disparition vers l'an 300.
Le hiéroglyphe égyptien exprime soit un mot, soit un son, ses caractères sont employé soit comme idéogrammes, soit comme signes phonétiques.

3 // L'ECRITURE GRECQUE



[p 85] L'alphabet grec constitue la matrice de toutes les écritures occidentales, du latin au cyrillique. (...) Avec le grec nous disposons de la langue la plus riche de l'antiquité, ainsi que de la somme considérable d'éléments culturels transmis par elle, de la philosophie à la science, en passant par la voie royale de la littérature. Intermédiaire privilégié entre l'alphabet sémitique et l'alphabet latin, le grec a été le fil conducteur historique de ces dues univers culturels. Ce sont aussi les grecs qui ont eu les premiers l'idée de noter avec rigueur les voyelles.

4 // DU GREC AU LATIN


[p 95] L'empattement. La naissance de l'empattement où l'idée même d'interrompre les fûts des lettres par des renforcements en forme de coins a nourri bien des controverses. Il semble que ce soient les grecs du IV siècle avant note ère qui, les premiers et d'une manière intentionnelle, aient adopté ce stratagème pour préserver l'uniformité et la régularité de leurs lettres. dans le monde romain, dès le IIe siècle av JC, une certaine discipline apparaît dans les textes. Durant la seconde moitié de ce siècle, des traces de renforcements triangulaires se font jour, mais il faudra attendre la fin du premier siècle av JC pour véritablement constater la présence d'empattements classiques et ce, particulièrement, dans les inscriptions de luxe. Désormais, l'empattement à la fois fonctionnel et décoratif, parfois traduit sur la pierre par le pinceau, constituera l'un des éléments essentiels de l'écriture latine monumentale.

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LA QUADRATA

Comme son nom l'indique, cette graphie d'aspect carré, directement inspirée des inscriptions monumentales, servit en fait à retranscrire les manuscrits littéraires de luxe.
ce style a persisté sans trop de mutations dans les titres et les initiales jusque vers le XIIe siècle. Mais quoi qu'il en soit, la quadrata a abouti dans l'évolution de l'écriture latine à une impasse (...) son caractère artificiel étant très peu adapté au support souple qui sera désormais adopté par le scripteur.


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LA RUSTICA

Codes vaticanus palatinus Vè siècle
Destinée à être écrite assez rapidement, la rustica est exécutée sous un angle d'écriture de 50° à 70°. De ce fait, les traits verticaux apparissent déliés et les pleins sont horizontaux. L'écriture rustique (...) supplante les autres &écrutures avant même la fin du Ier siècle et conquiert sa place dans le livre, et ce jusqu'au début de l'ére médiévale.

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L'ONCIALE ROMAINE



Nous sommes au terme du IVe siècle. (...) L'immense empire romain se désagrège peu à peu (...) faute d'un pouvoir fort et d'une politique cohérente. Néanmoins, grâce à l'efficacité et à la compétence de ses cadres, l'administration impériale maintient son influence. L'Eglise catholique s'est établie dans ce contexte. Elle en a profité pour codifier ses rites et porter le latin au rang des langues sacrées. L'alphabet oncial, tracé au fond des monastères, sera l'instrument majeur de la sauvegarde de la culture classique. Le chois de cet alphabet spécifique semble être le fruit d'une volonté politique, dont le soucis permanent consiste à différencier nettement la forme des textes sacrés des textes dits "païens" tracés en rustica.

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LA CAROLINE

En 771, Charlemagne reste seul Roi des Francs. (...) Le facteur majeur de la réussite de la dynastie Carolingienne réside surtout dans le précieux appui apporté par l'Eglise. (...) Léon III se conduit en vassal de Charlemagne et en devenant empereur en l'an 800, Charlemagne acquiert un prestige spirituel considérable. Très attaché aux traditions culturelles, il cherche à promouvoir les connaissances en s'entourant de lettrés, d'érudits, et, en stimulant la fondation de monastères, notamment par la diffusion de textes sacrés.
Charlemagne donna son nom à une lettre décisive pour l'évolution de l'écriture, la minuscule Caroline. C'est elle, en effet,  que reproduit aujourd'hui la "bas de casse", par l'intermédiaire de l'écriture humanistique du XVe siècle.

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 LA GOTHIQUE TEXTURA
Rouleau mortuaire du bienheureux Vital. Source : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/archim/Pages/03752.htm
[p 153] Le mouvement décisif conduisant au type gothique provient de le France septentrionale, et plus précisément du royaume anglo-normand.
(...) Le gothique tend à l'homogénéité, et ne marque plus de différence entre les jambages des signes de l'alphabet, détail que nous observons dans cet inestimable trésor d'écritures que représente le rouleau mortuaire du bienheureux Vital (1122-1125).

Frère Laurent, "Somme le roi", manuscrit français, folio 145, transcrit en 1294. Gothique textura qui se caractérise par un alignement irrégulier et une inclinaison variable de certaines lettres. Sur ce specimen, nous distinguons parfaitement le signe en forme de C, symbolisant l'alinéa ou caput. Paris, Bibliothèque Nationale.
Hermann Zaft, Allemagne, 1952. Interprétation d'une gothique textura, où l'on note la modulation des jambages et la vivacité des empattements, qui confèrent à la lettre beaucoup de sensibilité et de vie.
Manuel de l'empereur Maximilien Ier, folio 3, réalisée n 1467. La première page de l'ouvrage ouvre comme il est de coutume sur l'alphabet et le pater noster, mais avec une splendeur digne de son propriétaire. Les armes impériales sont encadrées par celles d'Autriche et du Portugal. L'écriture textura de grand module est enrichie d'une lettrine enluminée montrant le jeune prince auprès de son précepteur. Ce précieux manuscrit permet de nous faire une idée de ce que pouvait être un manuel scolaire à l'usage de l'élite, à la fin du XVe siècle. Vienne, Bibliothèque Nationale.

Notons surtout que l'organisation analogue de tous les empattements constitue ce qui distingue le plus sûrement la gothique de la caroline.
Le développement des universités, la quantité croissante de textes, l'accélération du rythme de l'écriture, la raréfaction du parchemin, et l'emploi de la plume bisautée à gauche, ... ont été des facteurs de la formation de l'écriture gothique.
On peut rajouter que : "La coïncidence entre la brisure de l'écriture et la généralisation de l'arc brisé en architecture est trop frappante pour avoir été entièrement fortuite (Charles Higounet)".

Illustration p 155

Le besoin d'abréger l'écriture, soit pour luifaire occuper moins d'espace, soit pour gagner du temps, fit imaginer aux anciens diverses sortes d'abréviations. Ces dernières, qui surchargent les manuscrits du Moyen-Age, dérivent elles-mêmes des signes romains et des notes tironiennes sorte de sténographie qui permettait de suivre la parole et d'obtenir de rapides transcriptions de discours.


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LA GOTHIQUE FRAKTUR


La gothique fraktur est une lettre d'inspiration allémanique. On la retrouve en effet très souvent dans l'aire d'influence germanique : Autriche, Suisse, Allemagne. Son appellation dérive de fractus qui signifie brisé, découpé. La fraktur résulte de la grande emprise de la renaissance sur les arts, et sur la lettre en particulier. L'élément baroque allemand a incontestablement présidé à la création de cette gothique.