Richard Serra
Depuis 30 ans, Richard Serra modèle, fabrique, construit des sculptures en acier monumentales. Ce sont des œuvres qui invitent à se pencher sur les notions de
minimalisme, de tension, mais aussi sur le
processus de production, le dialogue entre l’œuvre et son
environnement et puis aussi, bien-sûr, la qualité des matériaux.
Richard Serra est né en 1939 à San Francisco, obtient un master en littérature anglaise et travaille dans une aciérie pour financer ses études. En 1961, il suit des études d’art à l’université de Yale, y rencontre Philip Guston, Robert Rauschenberg, Ad Reinhardt et Frank Stella qui interviennent comme enseignants.
Richard Serra est né en 1939 à San Francisco, obtient un master en littérature anglaise et travaille dans une aciérie pour financer ses études. En 1961, il suit des études d’art à l’université de Yale, y rencontre Philip Guston, Robert Rauschenberg, Ad Reinhardt et Frank Stella qui interviennent comme enseignants.
En
1965, Richard Serra découvre découvre Paris et se rend
quasi-quotidiennement dans l’atelier de Brancusi reconstitué au Musée
national d‘art moderne. C’est durant ce séjour à Paris, prolongé ensuite
en Italie, qu’il se découvre définitivement sculpteur pour développer
désormais son œuvre fondée sur la gravité.
Richard Serra réalise ses premières sculptures avec des matériaux non-conventionnels comme le caoutchouc et le néon. Cette importance accordée par Richard Serra au processus prendra la forme d’un véritable programme de travail composé d’une liste de verbes (« enrouler », « appuyer », « couper », « plier », etc.) qui serviront à cerner les enjeux de sa production sculpturale. Lorsqu’en 1967, il réalise To Lift, sculpture constituée d’une plaque de caoutchouc qui semble se soulever ou lorsqu’il crée Thirty-five Feet of Lead Rolled Up en 1968 qui est effectivement composée d’une feuille de plomb enroulée sur elle-même, Richard Serra conserve au matériau toute sa force brute en l’enrichissant de l’énergie qui a servi à lui donner cette forme, et non une autre.
Richard Serra réalise ses premières sculptures avec des matériaux non-conventionnels comme le caoutchouc et le néon. Cette importance accordée par Richard Serra au processus prendra la forme d’un véritable programme de travail composé d’une liste de verbes (« enrouler », « appuyer », « couper », « plier », etc.) qui serviront à cerner les enjeux de sa production sculpturale. Lorsqu’en 1967, il réalise To Lift, sculpture constituée d’une plaque de caoutchouc qui semble se soulever ou lorsqu’il crée Thirty-five Feet of Lead Rolled Up en 1968 qui est effectivement composée d’une feuille de plomb enroulée sur elle-même, Richard Serra conserve au matériau toute sa force brute en l’enrichissant de l’énergie qui a servi à lui donner cette forme, et non une autre.
En 1968 également, fasciné par la
matière, et en particulier par l’acier, il produit en bouleversant le
geste artistique lui-même : protégé par un masque, l’artiste projette à
bout de bras du plomb en fusion contre un mur. Le métal se fige au pied
de la paroi, donnant lieu à une forme qui ne ressemble ni à une peinture
ni à une sculpture. Splashing (1968) témoigne d’une refonte complète du rôle de
l’artiste, de la façon qu’il a d’envisager son matériau de travail et du
produit qui en résulte.
En 1969, Richard Serra
réalise sa fameuse sculpture One Ton Prop (House of
Cards), œuvre qui marque un tournant dans sa carrière. Constituée de
quatre plaques de plomb de 122 cm par 122 cm, cette œuvre fondatrice a
pour caractéristique majeure de voir ses éléments maintenus en équilibre
par leur propre poids. Plus besoin de socle, de fixation, d’étais ou même de soudure,
l’œuvre résulte de sa tension propre, de cette gravité qui l’anime et la
maintient. Grâce à cette œuvre, Richard Serra a réussi le pari d’un art
qui offre au visiteur la vision de son propre équilibre et crée un
espace.
Richard Serra va ensuite développer des sculptures de très
grandes dimensions qui ont une double caractéristique : la première est
d’intégrer le visiteur au cœur de l’œuvre, la seconde est d’éviter que
l’on puisse la tenir tout entière sous son regard. Conçue spécifiquement pour le
site qui l’accueille, chaque œuvre de l’artiste crée de l’espace et
invite le visiteur à se déplacer autrement, explorant de nouvelles
directions et modifiant son corps comme sa perspective. Le visiteur
devient le sujet même de l’œuvre, il en est l’acteur principal.
[Synthèse sur la base d'un document de médiation du CNAP]
Un tableau Pinterest sur Richard Serra [Marc Vayer] : http://pin.it/rkiTlMz
Constantin Brancusi
L’œuvre du sculpteur Constantin
Brancusi est celle d’un créateur solitaire qu’il est difficile de relier
à un courant artistique précis. Si elle annonce l’abstraction plastique
qui caractérise l’évolution de la sculpture moderne, elle s’est
développée selon une démarche exceptionnellement personnelle et
cohérente. Brancusi est à la recherche d’une
nouvelle réalité plastique en se référent à un monde naturel et
cosmique.
D’origine roumaine, Brancusi est né dans
un village des Carpates, d’une famille paysanne qu’il quitte très jeune
pour une vie vagabonde faite d’expédients. En 1894, il s’inscrit à
l’École des arts et métiers de Craïova, puis en 1898 à l’École des
beaux-arts de Bucarest. À Paris, où il arrive en 1904 (après un long
voyage à travers l’Europe, le plus souvent à pied), il suit
l’enseignement de l’École des beaux-arts jusqu’en 1907. Dès 1906, il
expose au Salon d’automne où il rencontre Rodin ; en 1907, Brancusi réalise
une de ses premières « tailles directes », préférant désormais dégager
ses formes du « bloc » naturel - bois, pierre ou marbre.
Brancusi réalise ensuite des portraits sculptés qui seront à
l’origine de différentes versions détruisant la notion traditionnelle du
buste (La Muse endormie, 1910 ; Une Muse, 1912 ; Melle Pogany,
1912). En 1912, Brancusi visite le Salon de la locomotion aérienne avec
Léger et Duchamp, puis, en 1913, il envoie cinq oeuvres à l’Armory Show
de New York. Ses œuvres continuent à être
réalisées « directement », sans ébauche préalable, selon une
conception quasi artisanale.
Faisant scandale par sa forme ambiguë, issue d’une silhouette de femme en marbre retaillé, La Princesse X est refusée au Salon des indépendants de 1920, mais L’Oiseau d’or
y occupe une place d’honneur. Brancusi assiste alors aux manifestations
Dada, rencontre Picabia et Tzara et, en 1921, se lie avec Cocteau et
Man Ray, qui l’aidera à installer une chambre noire dans son atelier. En
1923, il exécute en terre la première version du Grand Coq. En 1926, une Colonne sans fin, taillée dans un arbre du jardin de Steichen, à Voulangis, est installée pour la première fois in situ.
Il s’installe en 1927 au 11, impasse
Ronsin, dans les ateliers qui seront reconstitués après sa mort. En
1928, il gagne un procès, devenu célèbre, contre les douanes américaines
qui ont refusé le statut d’« œuvre d’art » à l’Oiseau dans l’espace.
En 1935, la Roumanie lui commande le
mémorial de Târgu-Jiu qui sera réalisé sous ses directives en 1937-1938 (La Colonne sans fin, La Porte du Baiser).
Après avoir obtenu la nationalité
française en 1952, Brancusi lègue à l’État français en 1956, un an avant
sa mort, l’ensemble de ses ateliers avec tout leur contenu (œuvres
achevées, ébauches, plâtres originaux, meubles et outils) - à charge
pour le Musée national d’art moderne de le reconstituer tel qu’il était
impasse Ronsin. Brancusi manifestait par là sa volonté de ne pas séparer
son oeuvre de son environnement privilégié, où tout était marqué de sa
main. Outre le mobilier sculpté (porte, tabourets, socles), l’atelier
présente un panorama à peu près complet de l’œuvre, grâce aux nombreux
tirages en plâtre venus remplacer les originaux (marbre, pierre ou
bronze) dès le moment où l’artiste s’en séparait : il permet ainsi, avec
le fonds exceptionnel de photographies exécutées par Brancusi lui-même,
de suivre, étape par étape, la démarche du sculpteur depuis les volumes
simplifiés de La Muse endormie, Mlle Pogany, L’Oiseau dans l’espace, du Poisson, du Phoque, et des Grands Coqs, jusqu’aux œuvres monumentales plus tardives, projet du Temple de l’Amour, piliers du Baiser et Colonne sans fin.
[Synthèse sur la base d'un texte de Marielle Tabart conservateur Centre Pompidou]
Un tableau Pinterest sur Constantin Brancusi [Marc Vayer] : https://fr.pinterest.com/marcvayer/constantin-brancusi/
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En 1967 et 1968, Richard Serra dresse une longue liste de verbes
transitifs conjugués à l’infinitif : rouler, plisser, plier, accumuler,
courber, raccourcir, tordre, déchirer… Autant de procédures et de gestes
possibles qui pourraient tenir lieu de sculptures. Autant d’actions et
d’interventions possibles sur les plaques d’acier dont le sculpteur
américain va désormais faire sa grammaire première.Richard Serra. Verb List. 1967–68. Graphite on paper, 2 sheets, each 10 x 8" (25.4 x 20.3 cm). rouler rabattre plier emmagasiner courber raccourcir tordre tacheter froisser limer déchirer buriner fendre couper sectionner gauchir enlever simplifier différer déranger ouvrir mélanger éclabousser nouer renverser s’affaisser couler cintrer lever incruster presser chauffer noyer rayer tourner tourbillonner soutenir crocher suspendre étendre pendre ramasser de tension de gravité d’entropie de nature de groupe de couche de feutrage saisir resserrer lier entasser assembler étaler arranger réparer rebuter coupler distribuer gorger compléter enclore entourer encercler cacher couvrir emballer creuser amarrer serrer tisser joindre adapter laminer agglomérer pivoter repérer élargir diluer allumer moduler distiller d’ondes d’électromagnétique d’inertie d’ionisation de polarisation de réfraction de simultanéité de marées de réflexion d’équilibre de symétrie de friction étirer rebondir gommer vaporiser systématiser rapporter forcer de cartographie de lieu de contexte de temps de carbonisation continuer Extrait de “Richard Serra : Écrits et Entretiens 1970-1989″, Daniel Lelong éditeur, Paris, 1990. Richard Serra To lift 1967 Richard Serra Thirty-five Feet of Lead Rolled Up 1968 Richard Serra Splashing 1968 Richard Serra One Trop Prop 1969 Richard Serra Monumenta 2008 Richard Serra La matière du temps Guggenheim Bilbao (Photo Marc Vayer) --------------------------------------------------- Constantin Brancusi La muse endormie 1910
Constantin Brancusi Une muse 1912
Constantin Brancusi Mlle Pogany 1912
Constantin Brancusi Princesse X 1920
Constantin Brancusi L'oiseau d'or 1920
Constantin Brancusi Grand coq
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