En 2011, Eric Watt, le réalisateur de ce documentaire de 33 minutes, cherchait des figurants pour déambuler le long de la Loire à l'aube. Avec quelques amis nous y participâmes. (Marc Vayer)
Manifeste poétique et écologique, d’après le texte paru dans "Les
Carnets du paysage" de Gilles Clément.
Deux hommes, amis de longue date, discutent à une table, tandis que le
soir tombe. Ils évoquent la singularité des arbres et des hommes, le
jardin planétaire, le nécessaire espoir, l’alternative possible à ce
monde.
Tandis qu’un arbre change au gré des quatre saisons, qu’une femme
devient plante et s’immerge dans un jardin avec les autre végétaux,
tandis que des marcheurs par centaines se mettent en route sur un
nouveau chemin… les deux hommes inventent un autre monde.
"À la fin d’"Éloge de l’arbre", le botaniste Francis Hallé a cette phrase hautement transgressive : "Ça marche mieux sans cerveau", avant d’ajouter : "c’est ce qui me réjouit dans l’étude des plantes". Voilà quelques siècles d’histoire humaine et de règne du Logos remballés pour l’occasion ! Ce qui a l’air d’une boutade est pourtant bien l’arrière-fond de la discussion à laquelle nous introduit cet essai filmé original. Le jardinier Gilles Clément formule autrement cette prise de conscience d’une faillite de la raison humaine : "L’écologie est un avénement, qui bouleverse le rapport à la pensée de l’homme, à la nature. C’est un choc, un vrai choc, on ne peut pas regarder les choses autrement". L’espèce humaine s’est engagée dans un chantier crucial pour sa propre survie : penser en dehors d’elle-même, apprendre du non-humain. De toute évidence, l’étude des plantes et des arbres est devenue l’une des voies royales de cet avènement. Et cette conversation nocturne entre amis dessine des paysages inconnus et ô combien surprenants : savez-vous que l’arbre le plus vieux sur la planète se trouve en Tasmanie ? Et qu’il a "connu" Néanderthal ?"
Arnaud Lambert