dimanche 24 avril 2016

[ATC 1STD2A] introduction à la Renaissance italienne



1STD2A
Introduction à la renaissance italienne


Définition

On appelle renaissance, non pas une période nette de l’histoire occidentale, ni un style, mais un état d’esprit, une façon nouvelle d’aborder le monde et certaines valeurs, en rupture avec le moyen-âge.
Cette rupture se fera partout en Europe à des dates différentes, avec des formes différentes. La France, par exemple, ne suivra pas le mouvement avant le début du 16° siècle, en inventant une forme spécifique qui deviendra le « style français » pour les deux siècles suivants. Toutefois, le phénomène se manifestera pour la première fois en Italie, à Florence.

 Ces nouveaux regards sont marqués par :

-          Tendance à remplacer la foi incontestée et la superstition par la réflexion et l’observation
-          Valorisation des démarches analytiques et scientifiques, au bénéfice de la science
-          Minorisation de l’image de Dieu, moins « écrasant ». Il reste le « grand horloger » mais la nature fonctionne toute seule.  
-          Valorisation de l’humain, autant comme machine biologique que comme force créatrice
-          Valorisation de l’antiquité et des valeurs citées plus haut, qu’on lui associe.

Il ressortira de tous ces changements une reprise en compte de l’héritage grec et  romain, qui remettra au goût du jour :

-          L’architecture « classique » Fronton triangulaire + piliers + escalier monumental
§  Le goût pour l’harmonie des proportions, sur bases mathématiques
§  Les dômes et les ouvertures arrondies en « arc »
-          Le corps humain dessiné et peint
§  Le portrait
§  Le nu
-          La technologie ( l’hydraulique et la mécanique, principalement )

D’autres innovations techniques ne découlent pas directement de l’antiquité, mais sont des améliorations radicales rendues possibles par des attitudes intellectuelles ouvertes et curieuses :

-          La perspective conique
-          Le paysage
-          La nature morte
-          L’imprimerie
-          La lunette astronomique
-          La caravelle
-          La boussole
-          Les voyages intercontinentaux

La renaissance prend place entre l’extrême fin du 14° siècle et la fin du 15° siècle. En art, ces mutations font passer les mentalités d’une conception moyenâgeuse à une conception moderne, c’est-à-dire proche de la nôtre. La conception moyenâgeuse dit que l’homme n’est rien et Dieu est tout. Toutes les énergies et les talents ne doivent servir que Dieu et le sacré, au détriment de l’homme, fragile, imparfait et éphémère, indigne d’être objet d’attentions.

Masaccio, la crucifixion, 1426

Ici on voit une absence de décor, de perspective, de réalisme et de contexte. Bien que du début du 15° siècle, cette peinture appartient encore à des modèles du moyen-âge. L’art de cette époque représente des métaphores de l’importance de Dieu et de l’insignifiance humaine, dont les corps, les attitudes, les sentiments, n’existent pas.

La renaissance a vu apparaître un nombre incalculable de talents artistiques qui ont inventé et mis en œuvre ces changements, entre le début des années 1400 et la fin des années 1500. Parmi eux, quatre noms émergent :

-          Giotto ( Giotto Di Bondone, 1267-1337 )
Bien que n’appartenant pas à la renaissance par les dates, il en est le principal instigateur par sa façon de peindre les figures sacrées presque comme des humains, accessibles et fragiles, dans le même espace qu’eux, et par sa façon de donner aux humains leurs premières émotions peintes.

 la naissance de Jésus, 1306


-          Léonard de Vinci ( Leonardo Di Ser Piero Da Vinci, 1452 – 1519 )
Le plus connu des artistes de cette période car le plus universellement doué. Connu principalement comme peintre et ingénieur militaire, il était également sollicité comme architecte, sculpteur, urbaniste, ingénieur hydraulique, ingénieur en mécanique, musicien, poète, metteur en scène, luthier, fondeur, métallurgiste, mathématicien, ou biologiste.
Il apportera à l’art d’une part la peinture la plus délicate et la plus sensuelle de son temps, inventant le « sfumato » qui donne à ses portraits des contours légèrement flous. D’autres parts, il apportera la première pensée d’ingénierie aboutie, maîtrisant les premiers vrais plans techniques de machines crédibles.
En outre, il a été l’un des premiers explorateurs systématique et scientifique du corps humain, en créant les premières planches anatomiques exactes, basées sur l’observation directe.

étude des muscles de l'épaule et du torse, et leurs mouvements


-          Raphaël ( Raffaello Sanzio, 1483 - 1520 )
Peintre, principalement, il apportera à la peinture la modernité de son temps : des émotions humaines, de l’expressivité, de la sensualité, le tout dans des compositions et des gammes colorées d’une harmonie, d’une douceur et d’un équilibre visuel, inégalés de son vivant.

la vierge aux chardonnerets, 1506


-          Michel-Ange ( Michelangelo Di Lodovico Buonarroti Simoni, 1475 - 1564 )
Principalement peintre et sculpteur, mais aussi urbaniste et architecte, il apportera à l’art la plus belle forme de retour à l’antique, avec les premiers nus sculptés monumentaux depuis les romains, mille ans auparavant. Plus précisément, il donnera au corps humain une expressivité et une présence dynamique exceptionnelle, par un travail sur les détails et des postures exagérées et dramatisées.
David, 1504


Outre ces quatre surdoués, on peut retenir deux autres noms d’architectes extrêmement connus :

-          Filippo Brunelleschi, ( 1377 - 1446 )
A l’origine orfèvre, il sera l’ingénieur et l’architecte le plus connu du 15° siècle italien, en concevant et en menant à bien le dôme de la basilique santa Maria Del Fiore, à Florence, le coup d’envoi « officiel » de la renaissance dans cette ville, et le premier grand dôme en Europe depuis l’antiquité. Encore aujourd’hui le plus grand dôme maçonné du monde.

le dôme géant de la basilique de Florence, entre1435 et 1440 environ


-          Léon Batista Alberti, ( 1404 - 1472 )
Principalement architecte, mais aussi mathématicien et peintre, il sera l’un des principaux artisans de l’harmonie architecturale par les mathématiques et l’un des principaux inventeurs de la perspective conique.

  Santa Maria Novella à Florence, 1470



La diminution d’influence du divin, la montée de l’importance de l’homme avec ses expressions, ses fragilités et ses histoires vont jeter les bases d’un courant appelé « humanisme », qui proposera l’idée que l’homme doit être au centre des préoccupations des créateurs, et non Dieu. Ce courant trouvera son plein sens à la fin du 18° siècle, bien après la fin de la renaissance, avec une quasi disparition de Dieu et du divin comme thème artistique, remplacé par des scènes de la vie quotidienne, la guerre, l’histoire, les portraits, etc .

Les images projetées en cours : ici