Sens commun, ce qui est nouveau et innovant, qui apporte des idées originales
Sens annexe : qui est à la mode, qui se fait actuellement.
Dans l'histoire de l'art et des arts appliqués, ainsi qu'en littérature, la modernité est une posture créative, balisée par un laps de temps compris entre le milieu du 18° siècle et 1914.
Avant la modernité, l'art était tramé par des thèmes hiérarchisés en importance. La technicité et le savoir-faire primaient, et l'artiste ne communiquait finalement pas grand chose de lui-même, ni dans ses gestes, sa touche, ses préoccupations profondes ou sa spiritualité.
Premier tiers du 18° siècle, les romantiques furent les premiers à refuser un certain nombre de conventions et d'habitudes picturales.
- apparition de nouveaux thèmes tels que les ruines, les promenades, les forces de la nature en action.
- liberté de choisir plus intimement les ambiances, les émotions.
- fin de certains thèmes, tels que la peinture d'histoire, l'antiquité.
- refus bien souvent de la précision, de la minutie, au bénéfice d'une peinture plus spontanée, plus personnelle et émotionnelle.
- refus de l'émergence de la machine et des logiques industrielles naissantes, jugées inhumaines, froides et agressives ( uniquement dans l'art, pas en architecture ).
- retour à une fascination de la nature, indomptable, magnifique et écrasante pour l'homme.
- l'imagination tend à remplacer la contemplation.
A leur suite, les impressionnistes ont été le groupe le plus directement héritier de ces idées, à partir de 1863, avec un intérêt davantage pour l'humain, ses activités, le rue, les intérieurs, la ville au quotidien.
- refus d'un espace lisible au bénéfice bien souvent d'une frontalisation des formes, plus simples, plus lisibles, et finalement plus décoratives.
A l'inverse de l'art "moderniste" et iconoclaste, l'émergence de l'industrie dans les années 1800 - 1900 à totalement nourri une modernité de l'architecture, puis plus tard de l'objet du quotidien, c'est à dire le design.
la maîtrise de la vapeur à entraîné entre autres une maîtrise de l'acier et de ses mises en oeuvre : charpentes métal, rails, trains, navires, machines diverses ont été dès 1820 la promesse d'un monde nouveau, hygiénique, débarrassé du bois, de la brique, et des symboles décoratifs des classes dirigeantes historiques.
Le pont de Coalbrookdale ( 1779 ), le Crystal Palace ( 1851 ), le pont des arts à Paris ( 1853 ) seront les premiers repères d'une nouvelle façon de penser et de construire, symbolisée par les structures de métal.
On peut donc dire que deux modernités s'opposent : celle de l'art, centrée sur l'émotion, l'anecdotique et l'humain, et celle de l'objet construit, qui est elle sur la voie du standard, du gabarit, de la planification uniforme et de l'efficacité industrielle.